On a récemment eu le sentiment que la Banque centrale européenne (BCE) s’efforce de dissimuler et de nier que la zone euro se porte raisonnablement bien sur le plan économique. Les membres du conseil d'administration de la banque commencent souvent leurs conférences ou leurs entretiens en annonçant que les choses s'améliorent, mais immédiatement après, ils sont suivis d'un commentaire selon lequel il y a de fortes chances que la croissance ralentisse.
Nous constatons également ce pessimisme forcé dans leur discours sur la politique monétaire à l’avenir. Ils ne cessent de mentionner que la banque peut étendre et élargir ses achats d’obligations d’État et d’entreprises et que les taux d’intérêt resteront bas pendant longtemps. Aucun directeur de la BCE n’a jamais déclaré que le programme d’achat pouvait être raccourci ou réduit ou que nous devions tenir compte d’une hausse des taux d’intérêt dans un avenir proche.
Cette autoflagellation commence désormais à devenir bizarre. Si l’on regarde comment les choses évoluent sur le plan économique, on constate rapidement que la zone euro ne se porte pas mal ces derniers temps. Cela surprendra beaucoup, mais c’est tout simplement vrai : la zone euro bat économiquement les États-Unis. Et aux États-Unis, la banque centrale augmente les taux d’intérêt – l’achat d’obligations d’État a été arrêté depuis longtemps – parce que l’économie s’améliore.
Jette un coup d'oeil. Depuis au moins deux ans, l’économie de la zone euro connaît une croissance comprise entre 1 et 2 pour cent par trimestre. L’économie connaît une croissance trimestre après trimestre depuis près de quatre ans. Ce n'est tout simplement pas mauvais. La croissance économique a certainement été supérieure à la croissance économique aux États-Unis chaque trimestre depuis le quatrième trimestre 2015, au sujet duquel nous lisons souvent des histoires positives.
Certains pays de la zone euro dépassent même les États-Unis en termes de croissance économique. En Espagne et en Slovaquie, par exemple, l’économie a connu une croissance de 2015 à 3 % chaque trimestre depuis l’automne 4. En comparaison, la croissance aux États-Unis sur la même période s'est située entre 1,3 et 1,9 pour cent. La dette publique de la zone euro est inférieure à celle des États-Unis et diminue depuis un certain temps, tandis qu'aux États-Unis, elle continue d'augmenter.
Le fait est donc que, dans la zone euro, nous nous en sortons mieux en matière économique. Le chômage est en baisse depuis des années et est récemment tombé sous la limite psychologique de 10 pour cent. La confiance des entreprises et des consommateurs a augmenté rapidement et se situe à son plus haut niveau depuis le début de la crise. Mais il ne s’agit pas seulement d’augmentation : le score indique clairement que les entreprises investissent davantage et veulent investir davantage, de sorte que la croissance économique ne repose pas sur des sables mouvants. C’est certainement le cas alors que la demande intérieure augmente.
Tout cela alors qu’un tremblement de terre politico-économique se produit, à savoir qu’un pays de l’UE quitte l’Union pour la première fois. On constate également cette bonne évolution des prêts bancaires aux entreprises et aux ménages, variable cruciale dans nos économies tirées par l'endettement. Pour la première fois depuis des années, davantage de prêts sont accordés. Ce qui précède est bien entendu en partie dû aux faibles taux d’intérêt de la BCE. Mais au lieu de crier sur tous les toits que les choses vont enfin bien et de souligner gentiment que les États-Unis vont moins bien – oui, c'est permis ! – tout ce que nous entendons de la part des responsables de la BCE, c’est qu’il existe toutes sortes de dangers qui nous guettent et que nous devons tenir compte du fait que la banque va encore assouplir sa politique, ce que l’on fait lorsque l’économie se détériore.
Bien entendu, cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de problèmes. J'aurais aimé que ce soit vrai. La Grèce est toujours dans le coma et l’Italie, avec sa dette exorbitante, sa faible croissance et son secteur bancaire tout simplement pourri, risque de suivre le pays. Les réformes économiques laissent beaucoup à désirer dans presque tous les pays de la zone euro. Et pourtant, malgré tout cela, nous faisons mieux que les États-Unis.
Pourquoi alors la BCE insiste-t-elle sans cesse sur les dangers et s’efforce-t-elle d’éviter de trop parler des évolutions positives ? Je suppose que c'est parce que la banque ne peut pas reconnaître que les choses vont bien. Après tout, si la BCE devenait plus optimiste, cela signifierait qu'elle devrait effectivement cesser d'acheter des obligations d'État et d'entreprises au rythme de 80 milliards d'euros par mois (environ 35.000 XNUMX euros par seconde !) et, comme la Fed Aux États-Unis, les taux d’intérêt devraient augmenter.
Mais dans ce cas, de nombreux pays de la zone euro seraient en grande difficulté. Leurs charges d’intérêts exploseraient, la facture d’intérêts supplémentaires augmenterait de plusieurs dizaines de milliards d’euros par an. Même l’Allemagne aurait alors de gros problèmes. L'Institut de recherche économique, un groupe de réflexion économique, a calculé qu'une augmentation d'un point de pourcentage des taux d'intérêt en Allemagne entraînerait une facture d'intérêts supplémentaire de 21 milliards d'euros par an.
Cela s'explique par le fait que les pays de la zone euro ont considérablement accru leur dette depuis le début de la crise. La BCE n’a apparemment pas le courage de l’ignorer et d’adapter sa politique monétaire à la situation économique. Résultat : on s'attend à ce que la BCE continue de minimiser la situation économique dans la zone euro et que les taux d'intérêt dans la zone euro restent très bas pendant longtemps. Ce n’est pas non plus un environnement dans lequel on peut s’attendre à ce que l’euro se renforce.