Baisser les taux d'intérêt à 0 pour cent, voire ramener l'un des taux d'intérêt à -0,4, acheter des obligations d'État et plus tard d'entreprises à grande échelle, fournir de l'argent gratuit aux banques. La Banque centrale européenne (BCE) a tout fait ces dernières années pour réduire l’inflation dans l’union monétaire de 0 %, voire la déflation, à 2 %.
Pendant des années, la politique de la BCE n’a fait aucune différence. Toutefois, l’inflation a augmenté rapidement ces derniers mois. Selon les premiers rapports d'Eurostat, l'Office européen des statistiques, la dépréciation monétaire en février s'élève à 2 pour cent. Il s’agit de la hausse des prix la plus rapide que la zone euro ait connue depuis janvier 2013.
De plus, il ne semble pas que la hausse de l’inflation soit terminée. Non seulement l’effet du prix du pétrole, qui a été évoqué à plusieurs reprises dans des contributions précédentes, le montre, mais d’autres développements le prouvent également.
Par exemple, les prix que les entreprises doivent payer pour produire, depuis l'achat jusqu'aux coûts salariaux, ont augmenté de 3,5 pour cent en janvier, soit la plus forte augmentation depuis près de cinq ans. On s’attend à ce que les entreprises tentent de répercuter ces coûts sur leurs clients finaux, ce qui pourrait encore faire grimper l’inflation sur le reste de l’année.
Cette hausse de l’inflation alimentera les appels à la BCE pour qu’elle rende sa politique monétaire moins accommodante. Après tout, cette politique très souple a été menée dans le but de stimuler l’inflation et c’est désormais un fait. Quelles conséquences cela pourrait-il avoir sur la politique de Francfort ?
La BCE ne devrait pas modifier radicalement sa politique monétaire dans un avenir proche. En fait, il est même probable que la banque continue sur la même voie. Toutes les déclarations faites par les membres du conseil d'administration de la banque au cours des derniers mois indiquent que la banque ignorera l'augmentation de l'inflation susmentionnée. En d’autres termes : les taux d’intérêt restent bas et le programme d’achat d’obligations d’État et d’entreprises (80 milliards d’euros ce mois-ci et 60 milliards d’euros par mois ensuite) se poursuit comme d’habitude.
Ce qui est remarquable, c’est que la résistance à une politique encore plus large va augmenter au sein du conseil d’administration de la BCE. Le président de la Bundesbank en particulier est un opposant déclaré à l'orientation de la BCE, avec à ses côtés le Néerlandais Klaas Knot.
Cette résistance plus forte pourrait rendre beaucoup plus difficile pour la banque d’assouplir davantage sa politique monétaire dans les mois à venir. Il n’est pas prévu que la BCE décide d’arrêter le programme d’achats susmentionné à la fin de cette année, mais la probabilité que cela se produise, ainsi que la possibilité de réduire encore les achats mensuels en 2018, augmentent désormais.
Cela aurait essentiellement des conséquences sur les taux d’intérêt à long terme. Ceux-ci sont désormais maintenus à un niveau bas dans la zone euro, principalement en raison de cet achat et de la perspective de sa poursuite par la BCE. Si le marché « sent » que la BCE pourrait arrêter de le faire l'année prochaine, les taux d'intérêt à long terme pourraient tout simplement entamer une poussée haussière.
Le conseil d'administration de la BCE se réunira la semaine prochaine. Aucune nouvelle décision ne devrait être prise lors de cette réunion, mais celle-ci donnera un aperçu de ce que l'on peut attendre de la BCE dans les années à venir. En effet, la banque annoncera ensuite ses plus récentes prévisions de croissance économique et d’inflation pour 2017, 2018 et 2019.
Si les prévisions d’inflation sont nettement plus élevées pour 2018 et 2019, il est possible que la BCE assouplisse sa politique monétaire vers la fin de cette année. Les dernières prévisions d’inflation pour 2018 tablent sur un taux d’inflation de 1,5 pour cent. Si les économistes de la BCE tablent désormais, par exemple, sur 1,9 ou 2 pour cent cette année-là, alors la BCE ne pourra en réalité pas l'ignorer et devra ajuster sa politique. A suivre la semaine prochaine.