Depuis le début de l’année 2018, les attentes concernant la politique que la Banque centrale européenne (BCE) mettra en œuvre en 2018 et 2019 ont été considérablement ajustées. Par exemple, la banque cessera d’acheter des obligations d’État et d’entreprises (assouplissement quantitatif) cette année et augmentera ensuite les taux d’intérêt au printemps 2019. En outre, il a même été dit que la banque rendrait les emprunts plus coûteux cette année.
Ces attentes se sont confirmées jeudi 8 mars. La banque avait supprimé une phrase du communiqué de presse de cette date, à savoir qu'elle "a la possibilité d'augmenter ses achats d'obligations d'État et d'entreprises". Cela a été immédiatement remarqué, car la banque mentionnait cette promesse dans le communiqué depuis 1.
L'omission de cette phrase a occupé une place importante dans les différentes réflexions sur la réunion. Beaucoup y ont vu un travail préparatoire à la suppression complète du programme de rachat et à la modification des taux d'intérêt. Toutefois, cette conclusion me semble prématurée.
Où la banque l'a-t-elle laissé de côté ?
Il est vrai que la banque ne nous donne plus d'instructions claires pour augmenter le programme d'achat, mais elle a réitéré que le programme d'achat sera prolongé si cela est vraiment nécessaire. Un exemple serait le cas si les anticipations d'inflation changeaient de telle manière que l'objectif de la BCE (environ 2 %) s'éloignerait davantage qu'il n'est actuellement le cas.
Pourquoi alors la BCE a-t-elle omis cette phrase ? À mon avis, il ne s’agit là que d’une sorte de cadeau pour une large majorité au sein du conseil d’administration de la BCE. Cette majorité aurait soutenu le rachat d’obligations. Pour maintenir la paix sous la tente et donner à ce groupe d’opposants de quoi rentrer chez eux satisfaits, ils ont remporté cette victoire symbolique. Victoire symbolique, car comme indiqué, pratiquement rien n’a changé.
Le fait que l’omission de cette phrase soit la chose la plus importante de la réunion est, à mon avis, incorrect. Cela a été confirmé lorsque Draghi a prononcé deux phrases innocentes par la suite. Ces mesures étaient tout sauf symboliques, mais en disent long sur l'orientation attendue de la BCE.
L'inflation a un impact
Il s’agit avant tout du fait que la BCE ne peut pas encore déclarer sa victoire sur l’inflation. En d’autres termes : il est loin d’être certain que l’inflation annuelle atteigne le niveau souhaité à moyen terme. Par exemple, les dernières estimations des économistes de la BCE montrent que l’inflation cette année et l’année prochaine sera légèrement inférieure à celle prévue par la BCE en décembre.
Avec un taux d'inflation attendu de 1,4%, la banque continue d'afficher un score insatisfaisant ; la tâche est d’obtenir et de maintenir l’inflation proche de 2 %. Donc ça ne marchera pas. Même en 2020, le drapeau de Francfort ne pourra pas s’éteindre. Cette année-là, les économistes s’attendent à une dévaluation monétaire de 1,7 %. Cela se rapproche, mais nous n’en serons pas encore là.
La politique reste réactive
La deuxième phrase cruciale est celle où Draghi a déclaré : « La politique de la BCE reste réactive et non proactive. » C’est révélateur. Une banque centrale qui mène une politique monétaire réactive réagit aux évolutions. En outre, elle est, comme aiment à le dire les Américains, « en retard sur la courbe ». En d’autres termes : cette banque pense : « Nous guérirons la maladie lorsqu’elle surviendra ». La BCE n’a pas l’intention de prendre une longueur d’avance dans un avenir proche.
Concrètement, cela signifie que la BCE ne réduira que progressivement ses achats d’obligations d’État et d’entreprises cette année. Elle souhaite l'arrêter complètement en décembre ou janvier 2019.
Augmentation des taux d'intérêt
Selon moi, la première hausse des taux d’intérêt peut être attendue au plus tôt en octobre 2019, non seulement parce que le moment est venu (l’assouplissement quantitatif sera alors interrompu pendant 9 mois), mais aussi parce que Draghi devra augmenter les taux d’intérêt. au moins pendant sa présidence, il voudra augmenter une fois. Il doit quitter la banque en novembre 1.
Dans ce contexte, les taux EURIBOR resteront pour le moment aux niveaux actuels et les taux d’intérêt à long terme augmenteront lentement. Pourquoi? Plus d’informations à ce sujet en début de semaine prochaine dans une nouvelle mise à jour vidéo.