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intérieur L'intérêt

Que nous réserve Christine Lagarde ?

11 Octobre 2019 -Edin Mujagic

Le compte à rebours a vraiment commencé. Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE), emporte sans doute des affaires de son bureau à chaque fois qu'il s'envole pour Rome. Son successeur Christine Lagarde peut quant à elle réfléchir à la manière dont le bureau, où elle passera les 8 prochaines années, sera mis en place.

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A la fin du mois, l'Italien remettra les clés de sa maison de l'Eurotower à la Française. Lagarde n’attend cependant pas la fin du mois pour se faire entendre. Par exemple, elle a récemment indiqué que la politique des banques centrales devait être fondée sur des faits et des données économiques. Elle veut s'assurer que la BCE se concentre sur la création d’emplois, la productivité et la stabilité. Elle me fait vraiment peur avec ça.

Prenons, par exemple, la phrase selon laquelle la politique doit être basée sur des données et des faits économiques. Les actions des banques centrales (telles que les modifications des taux d’intérêt) affectent la croissance économique et l’inflation avec un certain décalage. Il s'écoule un certain temps entre le moment où la banque rend l'argent d'emprunt moins cher ou plus cher pour les banques et le moment où ces modifications des taux d'intérêt sont répercutées sur le consommateur. Il faudra alors du temps avant que le client final soit incité par ces changements de taux d’intérêt à ajuster son comportement.

Actions gratuites
Cela signifie qu’une banque centrale, par définition, n’agit pas si les données économiques (y compris les chiffres de l’inflation ou les chiffres de la croissance économique) montrent des faits économiques. En raison du retard du mécanisme monétaire, la banque centrale moderne doit anticiper les évolutions futures. En d’autres termes : si Lagarde attend des faits et des données économiques, non seulement elle est à la traîne des faits, mais elle mène également de mauvaises politiques.

Si, par exemple, les banques centrales baissent les taux d’intérêt, l’économie s’en rendra probablement compte lors de la reprise. En tant que décideur politique, vous ajoutez ensuite de l’huile sur le feu (juste au moment où vous avez besoin d’éteindre le feu et vous n’éteignez le feu que lorsque vous avez besoin de l’attiser). Si la BCE augmente les taux d’intérêt pour ralentir l’économie, celle-ci ralentira (en raison des retards susmentionnés) alors que la croissance est déjà en déclin. Mais cela ne doit pas nécessairement être le cas à la BCE (sous Lagarde).

C'est ce qu'elle a dit la BCE créer des emplois, accroître la productivité et assurer la stabilité. Il semble donc que Lagarde estime que la BCE ne devrait pas réellement augmenter les taux d’intérêt. Ces hausses de taux d’intérêt ralentissent la croissance, ce qui détruit des emplois. Mais, pire encore en ce qui concerne la déclaration emploi-productivité-stabilité, je pense que Lagarde ne manque nulle part de mentionner le seul objectif mentionné dans le traité de Maastricht (la stabilité des prix).

Créer des emplois
Par ailleurs, je me demande comment la BCE veut créer et comment la banque veut gérer la productivité ? Les entreprises créent des emplois et elles le font lorsque les perspectives économiques sont bonnes. Les politiques apparemment préconisées par Lagarde sont plus mauvaises que bonnes pour le développement économique à moyen terme. Avec un peu d’imagination, on peut comprendre comment la banque centrale peut créer des emplois, mais c’est particulièrement difficile en termes de productivité.

Ce chiffre augmente grâce à une meilleure formation, aux investissements dans la recherche et l’éducation et aux infrastructures modernes. La banque centrale va-t-elle reprendre les écoles et les centres de recherche et construire elle-même les réseaux 5G ? Il faut que quelqu’un dise à Lagarde ce que la politique monétaire peut réaliser, et certainement aussi ce qu’elle ne peut pas réaliser. En vouloir trop signifie un risque élevé de politiques erronées et de résultats économiques indésirables.

Inflation élevée
Je pense que ce que veut Lagarde est pire qu’un banquier central qui dit vouloir une inflation élevée. Il ou elle sait au moins ce que la banque peut et ne peut pas faire. Les investisseurs peuvent se réjouir un peu de ses propos. Quand Lagarde dit vouloir créer des emplois et de la stabilité, je raisonne comme suit : la création d’emplois se produit lorsque l’économie croît ou lorsque la croissance n’est pas menacée. Cela sera menacé si, par exemple, il existe une menace d’instabilité financière. Cela peut être le cas si les cours des actions chutent et les taux d’intérêt augmentent.

Lagarde dit-elle que la Banque centrale européenne fera tout ce qui est en son pouvoir pour soutenir les prix ? Lagarde a-t-elle implicitement indiqué qu’il existait un put Lagarde (un niveau des cours boursiers auquel si les prix baissent, la BCE prendra des mesures pour faire monter les prix) ? Telle est la question.

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