La Banque centrale européenne (BCE) a tenu sa promesse faite en octobre. Jeudi 10 décembre, la banque a annoncé un nouveau train de mesures. Par exemple, le programme d'achat PEPP, lancé en réponse à la crise corona, sera élargi de 500 milliards d'euros. Le délai a été prolongé de 9 mois jusqu'en mars 2022. Et il y a plus de cadeaux de Noël.
Les intérêts et les remboursements que la BCE reçoit en tant que propriétaire des obligations achetées dans le cadre du programme PEPP seront réinvestis au moins jusqu'à la fin de 2023. C’est-à-dire : réinvesti dans de nouvelles obligations d’État et d’entreprises de la zone euro.
Le montant total que les banques peuvent contracter sous forme de prêts spéciaux à 1 % d'intérêt (appelés TLTRO) a également été augmenté. Il s’agit de prêts spéciaux, car les banques doivent utiliser cet argent pour accorder des crédits aux entreprises et aux familles de l’union monétaire. La BCE veut stimuler l’activité économique et l’inflation.
Chaque centime est dépensé
Christine Lagarde, présidente de la BCE, a déclaré que les 1.850 2025 milliards d'euros "ne doivent pas être dépensés dans leur intégralité". Mais elle a terminé cette phrase en disant que le programme d'achat pourrait également être intensifié. En d’autres termes, cela peut aller dans les deux sens. En théorie. En pratique, cela signifie que cela ne peut aller que dans un sens : chaque centime sera dépensé. Et puis la question clé : quand la BCE peut-elle changer de cap ? Quand la banque cessera-t-elle d’acheter, de vendre des obligations et d’augmenter les taux d’intérêt ? Il n’en sortira rien d’ici XNUMX. Pourquoi ?
La BCE vise une inflation annuelle inférieure mais proche de 2 %. Bien que, en passant, c’est maintenant le cas. La nouvelle stratégie monétaire qui sera annoncée l’année prochaine va très probablement relever la barre de l’inflation. Chaque trimestre, les économistes de la BCE font des estimations, entre autres, sur l’inflation à 2 ans. En décembre, nous avons reçu une mise à jour des estimations pour 2021 et 2022, mais aussi pour la première fois celle pour 2023.
Estimation pas assez élevée
Cela montre que la banque s’attend à une inflation de 2023% en 1,4. Peu importe que cette estimation se réalise ou non. Ce qui est important, c’est que la banque fonde sa politique en 2021 et au-delà sur cette estimation. Et l’estimation n’est tout simplement pas assez élevée pour la banque. Pas même de loin. Lagarde a déjà déclaré que même une inflation de 1,7 ou 1,8 % n’est pas assez proche de 2 %.
Selon cette estimation, il y a plus de chances que la politique monétaire de la zone euro devienne plus souple dans un avenir proche que de la durcir. Ou, pour reprendre une analogie que j'ai utilisée plus tôt : la chance que nous roulions en Elfstedentocht sur de la glace naturelle le 31 juillet 2021 est encore plus grande. Concrètement : si vous aviez espéré que les taux d’intérêt de votre épargne atteindraient des niveaux quelque peu normaux au cours de la première moitié de cette décennie, alors je crains que cet espoir ait réellement disparu après le 10 décembre. Et même avec un peu d’inflation, vous faites une perte car votre pouvoir d’achat diminue.
Jeter la boussole
Mais le plus important lors de la réunion de la BCE de décembre était autre chose que les 500 milliards d’euros. Jean-Claude Trichet, le deuxième président de la banque centrale, a déclaré un jour que la BCE n'avait qu'une seule aiguille dans sa boussole : l'inflation. La banque doit essayer de maintenir ce niveau bas. Même si la BCE laisse entendre depuis un certain temps qu’elle vise une inflation plus élevée, ce qui reste vrai, c’est que l’inflation était cette aiguille. Jusqu'au 10 décembre 2020.
Lagarde a déclaré à plusieurs reprises que l'objectif de la BCE était d'assurer ce que l'on appelle des « conditions de financement favorables ». Cela peut se traduire grosso modo par « maintenir des taux d’intérêt bas ». C’est de facto jeter la boussole dont parlait Trichet. Et mettre en service une nouvelle version moderne. Une version qui donne à la BCE beaucoup plus de marge pour poursuivre pendant longtemps la politique actuelle et l’élargir encore davantage.
C’est à cela que les analystes, les économistes, les investisseurs et tous ceux qui sont concernés par les conséquences de la politique de la BCE – et c’est en fin de compte nous tous – devons prêter attention après la réunion de la BCE du 10 décembre 2020. Et pas tant que cela. 500 milliards d'euros et plus de prêts spéciaux pour les banques. Ces deux derniers sont des corollaires du nouveau modus operandi de la BCE.
Muni d'un alibi
La révision stratégique que mène actuellement la banque, qui devrait déboucher sur une nouvelle stratégie monétaire l'année prochaine, n'est qu'une formalité nécessaire. Doter la nouvelle stratégie monétaire déjà mise en œuvre d’un fondement juridico-économique. Un alibi, pourrait-on dire.
Un dernier mot sur la durée pendant laquelle la BCE continuera à acheter des obligations d’État et d’entreprises, y compris les réinvestissements susmentionnés. La banque affirme que cette politique se poursuivra jusqu'à « de manière significative après les premières augmentations des taux d'intérêt ». Traduit dans le temps : je vois Lagarde quitter la banque en novembre 2027 (à la fin de son mandat de présidente) sans que la BCE n’ait arrêté ses achats d’obligations à grande échelle. Cela n’équivaut pas à un « QE pour toujours », mais plutôt à un « QE pour très, très longtemps ».