Le président russe Vladimir Poutine a reconnu la pénurie croissante de pommes de terre dans son pays. Lors d'une intervention télévisée, il a ouvertement évoqué l'impact des rendements décevants et des hausses de prix qui en résultent.
« Ces derniers jours, j'ai rencontré des représentants de divers secteurs d'activité, notamment de l'agriculture. Il s'avère que nous n'avons pas assez de pommes de terre », a déclaré Poutine, ajoutant avoir parlé avec le président biélorusse Alexandre Loukachenko, qui lui a affirmé que tout avait déjà été vendu à la Russie.
Interdiction d'exporter
Dans certaines régions, les gouvernements prennent déjà des mesures. Par exemple, le gouverneur de la région de Kaliningrad, Alexeï Besprozvanny, a interdit l'exportation de pommes de terre de la région la semaine dernière. Cette mesure fait suite à la forte hausse des prix locaux et à l'apparition de pénuries. En attendant, de nombreux Russes s'inquiètent : la hausse du prix des pommes de terre pèse sur le portefeuille de presque tous les ménages. Les pommes de terre sont un aliment de base de la cuisine russe et jouent un rôle important dans les plats nationaux. En raison de la hausse des prix des pommes de terre et d'autres aliments de base, il devient de plus en plus difficile pour de nombreuses familles de se nourrir à un prix abordable.
Des augmentations record font grimper les prix des pommes de terre
Le service de presse de Loukachenko avait précédemment plaisanté en affirmant que la Biélorussie avait planté des pommes de terre supplémentaires pour répondre à la demande russe. Pourtant, les Biélorusses eux-mêmes se plaignent depuis des mois de la disponibilité limitée et de la mauvaise qualité des pommes de terre dans les magasins. Les autorités de Minsk ont autorisé des hausses de prix pour les pommes de terre, les choux et les oignons en avril. Début mai, Loukachenko a reconnu l'existence d'une pénurie.
Les prix des pommes de terre en Russie ont grimpé en flèche l'année dernière. Selon l'agence statistique russe Rosstat, les prix commerciaux ont augmenté de 92 % l'année dernière. En mai, la hausse des prix a atteint 166,5 % par rapport à mai de l'année dernière. Il s'agit du prix le plus élevé jamais enregistré depuis le début des statistiques en 2002. Cela fait de la pomme de terre le produit alimentaire qui connaît actuellement la plus forte croissance en Russie. Les prix de gros atteignent également des sommets historiques. Les chiffres du service des statistiques agricoles AB-Center montrent que les prix début avril ont augmenté de 285,5 % par rapport à avril de l'année dernière, passant de 11,4 roubles (0,13 €) à 42,4 roubles (0,47 €) le kilo. Cela fait de la Russie le marché de la pomme de terre le plus cher au monde. À titre de comparaison, le prix moyen du marché mondial est d'environ 0,17 € le kilo.
Les restrictions de prix et les importations assouplies
La crise est due à une récolte décevante en 2024, lorsque la Russie n'a produit que 7,3 millions de tonnes de pommes de terre. Soit une baisse de 1,2 million de tonnes par rapport à l'année précédente. Parmi les causes figurent des gelées inattendues, une sécheresse prolongée et de mauvaises conditions météorologiques dans d'importantes régions productrices. La ministre de l'Agriculture, Oksana Lut, estime la demande intérieure annuelle à environ 8 millions de tonnes, ce qui explique pourquoi le pays est actuellement confronté à un déficit structurel.
Le gouvernement russe tente d'inverser la tendance en autorisant notamment l'importation en franchise de droits de pommes de terre en provenance de pays dits « amis ». Des solutions d'urgence sont également envisagées, comme la limitation des prix. Le vice-président de la Douma, Boris Tchernychev, appelle à un contrôle temporaire des prix des pommes de terre dans les magasins. « On appelle parfois les pommes de terre le deuxième pain », a-t-il écrit dans une lettre adressée au ministre du Développement économique, Maxime Reshtnikov. « Les fortes fluctuations de prix d'un produit aussi important pour la société pèsent lourdement sur le budget de millions de familles. »
À l'approche de l'été, les agriculteurs espèrent de meilleures conditions météorologiques et une possible reprise des récoltes, mais les experts estiment qu'il faudra peut-être des mois pour que la situation du marché de la pomme de terre se stabilise.