Alors que l'offre d'oignons s'amenuise rapidement, celle de pommes de terre s'amenuise également. Dès les premières pommes de terre frites primeurs, les transformateurs ont pulvérisé l'offre. La grève chez Clarabout, en Belgique, n'arrange rien. La morosité règne donc, malgré quelques lueurs d'espoir avec Agria et Innovators.
Il y a trop de pommes de terre, les ventes de frites peinent, et les droits d'importation et les taux de change jouent en leur défaveur. Bref, les défis sont nombreux. Résultat : un marché libre à genoux. Seules quelques variétés échappent à ce marasme. Agria et Innovator peuvent encore tirer profit du marché.
Les Agrias bénéficient de ventes à petite échelle aux entreprises d'épluchage et d'exportations vers l'Europe du Sud. L'Innovator bénéficie d'une demande soutenue de la part des chaînes de restauration rapide. Ces dernières pourraient potentiellement produire davantage, car les Innovator sont peu nombreuses. Les rendements de cette variété sont en retrait, ce qui pourrait offrir un certain potentiel.
Innovateur en France
En France, RNM a fixé un prix initial pour les Innovators. Bien qu'il ne soit que de 3 € la tonne, c'est un début. Les choses s'accélèrent déjà en Allemagne. Reka-Rheinland a tenté de dynamiser le marché fin septembre avec un prix initial de 4 € pour l'Innovator. Le marché a quelque peu stagné. Cette semaine, il a fallu sacrifier une partie de ce prix, comme en témoigne l'abaissement du prix à 3 €.
La tendance des prix d'Agria est légèrement plus favorable, même si le prix bas de la liste PotatoNL a légèrement baissé cette semaine. Pour l'instant, les fournisseurs doivent se contenter de prix compris entre 5 et 10 € les 100 kilos. Reka-Rheinland se situe entre les deux, à 7 € les 100 kilos.
Les transformateurs hésitent à absorber l'excédent de pommes de terre. La situation plus difficile du marché a déjà incité Agristo à suspendre son projet d'investissement pour une nouvelle usine en France. Mais les activités quotidiennes connaissent également des hauts et des bas. Des usines ferment régulièrement, ce qui aggrave les tensions sur le marché. En Belgique, la situation a été aggravée par une grève chez Clarebout.
Des grèves sont en cours dans les usines de Nieuwkerke, Warneton, Mouscron et Dunkerque en France depuis jeudi dernier. Elles ont eu un impact considérable sur les capacités de traitement en Belgique et en France. Pendant longtemps, l'employeur, Clarebout, et les syndicats sont restés sur leurs positions, mais après une semaine, une réunion de conciliation a finalement eu lieu jeudi soir.
La réconciliation a échoué pour le moment
Sous la conduite d'un président neutre, les deux parties ont eu l'occasion d'exprimer leur colère. Pendant cinq heures, elles se sont écoutées. Un respect mutuel régnait. Pourtant, aucune solution n'a été trouvée. Une légère ouverture a été créée par une proposition légèrement révisée de Clarebout, mais elle a également été rejetée sans ménagement.
Le problème, c'est que les 3 000 employés veulent aussi profiter des milliards que le propriétaire Jan Clarebout engrange grâce à la vente au géant américain de l'agroalimentaire Simplot. Ils estiment avoir contribué à la grandeur de l'entreprise. Ils ont également apporté leur contribution pendant la pandémie de coronavirus, par exemple. Et ils estiment que cela mérite d'être reconnu.
Une prime de 500 € n'est pas considérée comme une reconnaissance suffisante par les salariés. Une deuxième tentative, avec une prime légèrement plus élevée pour les salariés de plus de dix ans d'ancienneté (750 € pour dix ans et 1 000 € pour vingt ans), a également échoué. La plupart des salariés travaillent ici depuis moins de dix ans, et l'entreprise a connu sa plus forte croissance ces six ou sept dernières années, selon les syndicats. Pour eux, l'offre reste inchangée, et Clarebout aurait donc dû se douter qu'elle ne serait pas acceptée.
Cela ramène les deux parties à la case départ, et la grève se poursuit. C'est une grève d'une ampleur sans précédent dans l'industrie de la transformation de la pomme de terre. Elle cause des dommages considérables, notamment aux livraisons des champs. Combien de temps reste-t-il pour se rétablir ? Plus la grève dure, plus elle sera difficile. Et elle se déroule dans un marché déjà extrêmement difficile. Pour l'instant, aucune date de fin n'est fixée pour les actions menées dans les quatre usines.
Belgapom partage le malaise. Après sa première cotation la semaine dernière, la liste des annonces de Belgapom reste étrangement vide cette semaine. « Pas de cotation faute de transactions », peut-on lire dans le simple commentaire ci-dessous.
Pas de retard chez Ecofrost
Après les rapports pessimistes des transformateurs belges, le fabricant de frites Ecofrost a réagi avec espoir. « Nous n'avons aucun retard », a-t-il déclaré en réponse à la suspension des investissements dans la production de frites chez Agristo. « L'entrepôt frigorifique est déjà opérationnel, les lignes de conditionnement fonctionnent depuis début septembre et les lignes de production démarreront comme prévu au premier trimestre 2026. L'entrepôt automatisé devrait être opérationnel d'ici fin 2026. Il n'y a qu'une seule voie à suivre ! »