La France se dirige vers une récolte de pommes de terre catastrophique cette année. L'organisation de la pomme de terre UNPT tire donc la sonnette d'alarme et frappe à la porte du ministère de l'agriculture pour un plan de soutien. Les chiffres de la récolte expérimentale montrent que la récolte de pommes de terre est inférieure à celle de 2018.
Il n'a pas fait aussi sec en France depuis 1958. En juillet, il est tombé en moyenne seulement 9,7 millimètres de pluie. L’été 2022 est une accumulation de records dans le pays, qui fait effectivement face à la sécheresse depuis ce printemps. Même les images satellite montrent comment de grandes parties de la France deviennent brunes là où poussait l’herbe verte.
250 millions d'euros de dégâts
L’impact sur les cultures arables est également majeur. La récolte de céréales a été moindre, mais ce sont surtout les « cultures d'automne », comme le maïs-grain, les betteraves sucrières et les pommes de terre, qui ont été les plus durement touchées. Raison pour laquelle l'organisation de producteurs UNPT tire la sonnette d'alarme et contacte le ministre pour obtenir un programme de soutien. Le secteur de la pomme de terre affirme avoir subi une perte de plus de 250 millions d'euros cette saison.
Selon les propres chiffres des tests de récolte de l'UNPT - pour les semaines 33 et 34 - le rendement moyen des pommes de terre est de 36,1 tonnes par hectare. Il s’agit de la mesure la plus basse depuis 20 ans et donc inférieure à celle échantillonnée en 2018. Ensuite, le rendement était supérieur de 12 %. Par rapport à la moyenne décennale, le rendement actuel est inférieur de 10 %. Avec les pommes de terre féculières, le rendement ne dépasse même pas 26 tonnes par hectare. L'UNPT écrit que le pays manquera de 1,5 million de tonnes de pommes de terre cette année.
L'UNPT a soumis au ministre de l'Agriculture Julien Denormandie un plan qui repose sur trois piliers. Tout d’abord, un système de prêt permettant aux producteurs de pommes de terre de maintenir leur trésorerie. Le deuxième pilier est un soutien financier au niveau national ou européen et enfin une injection de capitaux pour le secteur de l'amidon, qui est le plus durement touché.
Marché stable et calme
Tout comme dans d’autres pays d’Europe occidentale, le marché de la pomme de terre semble calme et les prix sont limités. Les transformateurs français paient entre autres 25 € pour Innovator, Shepody et Daisy, même si pratiquement aucune pomme de terre gratuite n'est proposée et achetée. Le prix des pommes de terre de table est légèrement plus élevé, entre 30 et 35 €. L'arrachage est problématique pour les producteurs qui ne peuvent pas irriguer. En raison des interdictions d’irrigation, cela n’est plus possible dans la plupart des endroits. En Picardie et en Champagne, cela est encore partiellement possible et les pommes de terre sont récoltées au coup par coup. Dans le Nord-pas-de-Calais - où l'on cultive de nombreuses pommes de terre chips - cela n'est plus possible et la récolte est faible. Lors de la récolte, les pommes de terre doivent être transformées en quelques heures.
Ce qui freine également la progression des récoltes, c'est la qualité. Aux dommages et aux meurtrissures causés par la récolte s'ajoutent des problèmes de lessivage et de décoloration dus à un poids sous l'eau extrêmement élevé. Les producteurs de pommes de terre se demandent donc comment récolter les pommes de terre pour les conserver dans ces conditions.
La sécheresse continue
Des précipitations sont également prévues sur le nord de la France cette semaine. Il s’agit de quelques millimètres qui ne changent pas grand-chose à la situation actuelle. Le CCR européen prévient que la sécheresse pourrait durer jusqu'en novembre, notamment dans le sud de la France. Météo France se demande s'il y aura suffisamment de précipitations cet hiver pour reconstituer les réserves d'humidité indispensables. De plus, une alerte aux inondations a été émise. Lorsqu’il pleut, le sol ne peut pas immédiatement absorber de grandes quantités de précipitations.