Bruxelles augmente considérablement les droits d'importation sur les engrais en provenance de Russie et de Biélorussie à partir du 1er juillet. Les droits augmenteront progressivement jusqu'à 100 % de la valeur en 2028. Par cette mesure, l'Union européenne veut réduire sa dépendance à l'égard de ces pays et empêcher que les efforts de guerre de la Russie contre l'Ukraine soient financés par les exportations d'engrais.
L'augmentation des droits d'importation sur les engrais russes, décidée par le Parlement européen le 22 mai, rendra les engrais moins chers moins disponibles en Europe. Parallèlement, cette mesure vise à stimuler la production européenne d'engrais et ainsi à réduire la dépendance à l'égard de la Russie. À court terme, cela entraînera probablement une hausse des coûts de production, surtout en l'absence d'alternatives satisfaisantes. De plus, cette mesure engendrera davantage d'incertitude et de volatilité des prix, ce qui compliquera encore davantage l'achat d'engrais au bon moment.
La Pologne, la France et l'Allemagne sont les principaux acheteurs d'engrais russes au sein de l'UE. Les importations totales d'engrais en provenance de ce pays se sont élevées à 2022 millions de tonnes en 5,3. En 2023, ce chiffre a diminué à 3,9 millions de tonnes, mais en 2024, les importations ont de nouveau augmenté pour atteindre 4,9 millions de tonnes.
Conséquences pour l'agriculture européenne
L'augmentation des droits d'importation vise à réduire l'afflux d'engrais azotés en provenance de Russie et de Biélorussie. La Commission européenne et les États membres ont déjà approuvé ces droits plus élevés, qui entreront en vigueur le 1er juillet 2025. La députée européenne Inese Vaidere (Lettonie) a souligné : « Cette mesure doit empêcher la Russie de financer sa guerre via le marché européen. »
Toutefois, l'augmentation des prélèvements a également des conséquences pour le secteur agricole européen. L'organisation européenne des agriculteurs Copa-Cogeca met en garde les agriculteurs contre toute forme de préjudice, car la hausse du coût des engrais pourrait affecter la production agricole. La Commission européenne a indiqué qu'elle surveillerait activement les prix des engrais et, si nécessaire, prendrait des mesures supplémentaires pour atténuer l'impact sur les agriculteurs.
Bien que le nitrate d'ammonium et de calcium (CAN) soit produit dans plusieurs régions du monde, la Russie reste un important exportateur d'engrais azotés vers l'UE. Des rumeurs sur le marché indiquent que le CAN est actuellement proposé à environ 35 € les 100 kilos en big bags, tandis que le prix du CAN en vrac est d'environ 33,50 € les 100 kilos. Le superphosphate triple (TSP), un engrais phosphaté largement utilisé aux Pays-Bas, est traditionnellement importé principalement de pays comme le Maroc, l'Égypte et la Tunisie. Ces dernières années, cependant, l'engrais phosphaté russe a considérablement gagné du terrain. La principale raison en est son prix. Le marché indique que le superphosphate triple est actuellement disponible à 60 € les 100 kilos. Le TSP russe est souvent nettement moins cher que celui des autres fournisseurs, grâce à des coûts de production plus faibles et au soutien gouvernemental au secteur des engrais. C'est une raison importante pour laquelle de nombreux importateurs européens optent encore pour le TSP russe.
Tenir compte des coûts plus élevés
Selon certaines sources, les droits d'importation sur les engrais russes, appliqués à compter du 1er juillet, auront effectivement un impact sur les prix sur le marché européen des engrais. Si, malgré ces droits, les engrais russes parviennent néanmoins sur le marché européen, les agriculteurs devront tenir compte de la hausse des coûts.