Le diesel cher a peu d'impact sur la demande

La hausse des prix du pétrole brut Brent commence à s’affaiblir quelque peu. Lundi 6 juin, le pétrole Brent a clôturé à 120,10 dollars le baril. Le mercredi 6 juin, ce montant était passé à 123,83 dollars le baril. Le marché y fait une pause et aujourd'hui (vendredi 10 juin) le prix s'élève à 123,94 dollars le baril. L’augmentation de la production annoncée par l’Opep+ la semaine dernière ne s’est donc pas révélée suffisante pour inverser la tendance haussière des prix du pétrole. Plusieurs membres du cartel ont déjà atteint leur capacité de production maximale. Selon les analystes, l’Arabie saoudite et la Russie sont les seuls pays disposant d’une capacité inutilisée importante. C’est également l’un des principaux problèmes du marché actuel.

Le marché du pétrole et de l’énergie au sens large est utilisé à des fins géopolitiques. Wandel durch Handel (le changement par le commerce) est un principe important de la politique étrangère occidentale depuis la chute du mur. L’Europe en particulier en récolte aujourd’hui les fruits amers. La Russie a discrètement acquis une position de monopole sur le marché européen de l’énergie. D'un autre côté, les finances de l'État russe dépendent largement des exportations de matières premières, et notamment des ventes d'énergie vers l'Europe. L’Europe a été alertée de diverses parts sur les risques que comporte cette dépendance.

Cartels
L’invasion russe de l’Ukraine a bouleversé les relations mondiales. L’Europe veut se débarrasser le plus rapidement possible de l’énergie russe. Après des semaines de discussions, l'UE est parvenue à un accord sur le boycott du pétrole russe. Les États-Unis avaient auparavant interdit le pétrole russe. Les deux principaux consommateurs doivent donc entrer sur le marché mondial pour trouver un substitut au flux de pétrole en provenance de Russie. Les autres fournisseurs sont rares. Le résultat est des prix élevés du pétrole et différents blocs entrent de plus en plus en conflit les uns avec les autres. L’Occident et ses alliés sont d’un côté et la Russie de l’autre. Plusieurs pays d’Amérique latine et d’Afrique se tournent vers la Russie, mais veillent à ne pas trop offenser l’Occident. La Chine et l’Inde tentent de garder leurs distances politiques par rapport au conflit en Ukraine. Ils veulent rester neutres et entretenir de bonnes relations (commerciales) avec autant de pays que possible. La Chine et l’Inde gardent leurs frontières ouvertes au pétrole russe, comme elles l’ont fait auparavant avec l’Iran et le Venezuela, par exemple.

Passer par le commerce présente des inconvénients majeurs, mais la politique actuelle de sanctions et de restrictions commerciales - qui implique une sorte de formation de cartels, comme l'appellent certains experts - n'est pas vraiment favorable à l'évolution des prix du pétrole. Cela donne à Moscou et à Riyad une voix très importante sur le marché pétrolier. La réponse des États-Unis et de l’UE à cette situation, en se concentrant pleinement sur de nouvelles sources d’énergie durables afin de devenir indépendants du pétrole, prend du temps et le résultat n’est en aucun cas certain. D’ici là, il ne faut pas négliger les énergies fossiles, prévient l’industrie pétrolière.

Diesel cher
Le prix du pétrole brut a fortement augmenté ces deux dernières années (pour rappel en avril 2020, le Brent était au plus bas à 16 dollars le baril), mais n'a pas encore atteint des niveaux records. Les statistiques pétrolières battent des records dans plusieurs pays. Aux Pays-Bas, le prix du diesel est passé à 170,58 euros les 100 litres. Ce n'est pas encore un record, mais il faut tenir compte d'une réduction des droits d'accises. Plusieurs analystes prédisent que la hausse des prix du carburant n’est pas encore terminée. L’indicateur le plus important en est la demande d’essence et de diesel, qui continue d’afficher une tendance à la hausse. Les prix extrêmement élevés des carburants n’ont donc qu’une influence très limitée sur la demande.