Le secteur agroalimentaire mondial sera confronté à un certain nombre de défis difficiles au cours de la décennie à venir. Cela ressort clairement des Perspectives agricoles 2021-2030 que l’Organisation mondiale de l’alimentation (FAO) des Nations Unies et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ont publiées aujourd’hui.
Le plus grand défi consiste à nourrir de manière durable une population mondiale toujours croissante. L’impact de la crise climatique et les conséquences économiques de la guerre en Ukraine constituent également des défis. La guerre est la plus grande préoccupation à court terme. Les problèmes déjà existants tels que les perturbations commerciales dues à la pandémie du coronavirus, les mauvaises conditions météorologiques et la hausse des coûts de production et de transport ont été exacerbés par les incertitudes entourant les exportations agricoles de l'Ukraine et de la Russie. Les deux pays sont d'importants fournisseurs de céréales et le rôle de la Russie sur le marché des engrais a également renforcé les inquiétudes existantes concernant les prix des engrais et leur disponibilité à court terme.
Les auteurs ont calculé que les prix d’équilibre des céréales pourraient augmenter de 19 % si les exportations de céréales de l’Ukraine s’arrêtaient complètement. Et de pas moins de 34 %, si en plus la moitié des exportations russes s'arrêtent.
La famine guette
Si les exportations de la Russie et de l’Ukraine chutent au cours des deux prochaines années et que les autres pays ne réagissent pas, le nombre de personnes souffrant de malnutrition chronique pourrait encore augmenter. Cela ressort clairement d’une simulation réalisée par les auteurs du rapport. Sans la paix en Ukraine, la sécurité alimentaire sera encore plus menacée. Surtout pour les personnes les plus pauvres de la planète", déclare Mathias Cormann, secrétaire général de l'OCDE. "Une fin immédiate de la guerre serait le meilleur résultat pour les peuples d'Ukraine et de Russie, ainsi que pour les nombreux ménages qui souffrent de la forte hausse des prix résultant de la guerre."
Pour garantir la sécurité alimentaire, le commerce mondial devra fonctionner correctement, affirme le rapport. Le commerce mondial devrait croître parallèlement à la production dans les années à venir. Certains pays exporteront davantage, mais il y aura aussi des pays qui seront obligés d’importer davantage en raison d’une consommation croissante. Selon le rapport, cette interdépendance toujours croissante entre les partenaires commerciaux souligne la nécessité d'un système commercial multilatéral transparent, prévisible et fondé sur des règles.
Une agriculture plus productive
La production agricole mondiale devrait croître de 1,1 % par an au cours des dix prochaines années. Ce surplus de productivité provient principalement des pays à revenu faible ou intermédiaire. Selon le rapport, un meilleur accès aux matières premières et des investissements dans la technologie, les infrastructures et l’éducation sont cruciaux pour développer l’agriculture. Cependant, on craint qu’une augmentation à long terme des coûts de l’énergie et des matières premières, comme les engrais, n’augmente les coûts de production et n’ait également un impact sur la productivité et la croissance dans les années à venir. Le rapport examine également la contribution de l'agriculture au changement climatique. Les émissions de gaz à effet de serre augmenteront de 6 % au cours de la prochaine décennie. 90 % de cette croissance provient de l’élevage. Toutefois, les émissions devraient croître moins rapidement que la production. Cela est dû en partie à une plus grande efficacité et à une part réduite de ruminants.
Des objectifs contradictoires
Le secteur agricole doit atteindre deux objectifs contradictoires dans les années à venir. D’un côté, il y a l’objectif mondial d’éradiquer la faim d’ici 2030. De l’autre, les émissions de gaz à effet de serre doivent répondre aux objectifs climatiques fixés à Paris. Pour atteindre ce premier objectif, la productivité doit croître de 28 % au cours des dix prochaines années, sans que cela se fasse au détriment de l'environnement. Cela représente plus de trois fois la croissance de la productivité de la dernière décennie. La croissance de productivité requise de 24 % pour les agriculteurs de grandes cultures représente presque le double de la croissance réalisée au cours de la dernière décennie (13 %). La productivité du cheptel doit augmenter de pas moins de 31% en moyenne. Les mesures politiques devraient encourager l'utilisation de nouvelles technologies durables, affirment les auteurs.
Les auteurs écrivent que d’autres améliorations doivent encore être apportées. Envisager des mesures politiques pour limiter davantage les émissions de gaz à effet de serre du secteur, des mesures pour lutter contre le gaspillage alimentaire et des mesures pour lutter contre la surconsommation, notamment de viande.