Les quatre organisations agricoles de Belpotato.be ont écrit au SPF Economie (l'ACM belge) au sujet des abus dans les contrats de pommes de terre. Plusieurs acheteurs ont réduit unilatéralement les volumes contractuels, suscitant une grande inquiétude parmi les agriculteurs. Le SPF Economie confirme la réception de la lettre et souligne que les modifications unilatérales des contrats sont interdites. Une enquête a désormais été ouverte pour analyser d’éventuelles violations.
Les troubles dans le secteur de la pomme de terre continuent. Dans une lettre adressée au SPF Économie, le Syndicat des agriculteurs, l'ABS, la FWA et la Fiwap ont demandé une médiation et des recherches. « Beaucoup de nos membres signalent que les clients ne respectent pas les accords contractuels », affirment les organisations. Ils fournissent des exemples concrets de situations dans lesquelles des contrats ont été modifiés unilatéralement.
Une pratique courante consiste pour les clients à appeler pour dire que le marché a changé et qu’ils doivent réduire les quantités contractuelles de 20 %. Quelle que soit la réponse de l'agriculteur, quelques jours plus tard, un courriel suit avec un contrat modifié, dans lequel la signature de l'agriculteur a déjà été ajoutée sans son consentement. « Cela est contraire à la législation sur les pratiques commerciales déloyales. »
Dans d’autres cas, les clients envoient un e-mail annonçant une réduction de 15 % sans fournir de contrat modifié. Toutefois, le libellé implique un accord tacite, car il ne donne qu’une possibilité de poser des questions, sans préciser de délai pour y répondre. « Il s’agit également d’un ajustement contractuel unilatéral non autorisé. »
En outre, les agriculteurs sont parfois contraints de signer un contrat dans un délai de sept jours. Puis, plus d’un mois plus tard, ils reçoivent un message indiquant que la quantité du contrat est réduite de 10 pour cent, même si l’acheteur lui-même n’a pas encore signé le contrat. « Attendre un mois pour obtenir une confirmation est déraisonnable, surtout si l’agriculteur n’a que sept jours pour examiner la question. »
Mauvais timing et impact sur le secteur
Le moment choisi pour mettre en œuvre ces pratiques aggrave la situation. Les agriculteurs ont déjà élaboré leurs plans de culture et conclu des baux saisonniers. Des investissements ont également déjà été réalisés dans les plants de pommes de terre, les engrais et les produits phytosanitaires. Cela rend le passage à d’autres cultures pratiquement impossible. En outre, les producteurs et les négociants de pommes de terre de semence signalent que les acheteurs achètent moins de pommes de terre de semence que ce qui est convenu contractuellement.
À l’approche de la saison des plantations, cette incertitude cause des problèmes majeurs. Les organisations agricoles demandent au SPF Economie une action et une concertation, tant avec elles qu'au sein de Belpotato.be. Au sein de cette association professionnelle, le groupe de travail « contrats », piloté par le SPF Economie, a travaillé à l'affinement et à la mise à jour du code de conduite pour les contrats dans le secteur de la pomme de terre. Maintenant qu’il semble que les acheteurs ignorent ces règles, les organisations préconisent un rôle de médiateur au sein du secteur.
SPF Économie : les modifications unilatérales sont interdites
Le SPF Economie confirme la réception de la lettre et rapporte que l'Inspection économique avait précédemment ouvert une enquête suite à des informations relayées par les médias. « La modification unilatérale des accords relève de la liste noire des pratiques commerciales déloyales dans la chaîne d’approvisionnement agricole et alimentaire et est interdite. » L’enquête en cours doit déterminer si de telles violations ont effectivement eu lieu. En raison de la confidentialité de l'enquête, le service ne peut pas en dire plus à ce sujet pour le moment.
Christophe Vermeulen, CEO de Belgapom, soutient l'appel à reconvoquer le groupe de travail « contrats » au sein de Belpotato.be sous la direction du SPF Economie. Il souligne que la fédération du secteur est prête à coopérer pleinement avec l'enquête.