Le marché physique français des céréales ainsi que le marché à terme tournent à plein régime. Lundi 23 mars après-midi, le Matif a atteint un maximum de 198 € la tonne. Une hausse des prix de 3,5% par rapport à la clôture du vendredi précédent. La thésaurisation des consommateurs entraîne une forte augmentation de la demande de produits céréaliers tels que les pâtes et la farine.
Le 6 mars, le Matif a commencé à baisser, en lien avec les mouvements boursiers et les prix mondiaux du pétrole. Lundi 9 mars, le marché à terme a atteint un plancher à 170 € la tonne. Une semaine plus tard, le prix a augmenté, maintenant que le marché mondial suscite un intérêt croissant pour le blé et d'autres produits de base. Encore une semaine plus tard, lundi 23e, la course parvient à faire un grand bond à Paris.
Exportations françaises
Les exportations européennes de blé – principalement en provenance de France – se portent bien depuis toute une saison. Malgré la crise du Corona, elle bénéficie d’une forte demande en matières premières. Y compris du Moyen-Orient. Il est même possible qu’un record soit atteint cette saison. Sa part de marché sur le marché mondial est donc égale à celle des Etats-Unis.
Les choses sont également chaudes sur le marché physique. Cela provoque des problèmes logistiques en France. Le pays est totalement confiné depuis le 18 mars, les supermarchés étant l’un des rares commerces à ouvrir leurs portes. En partie à cause de contrôles stricts, le flux logistique est parfois faiblissant. Il n'y a pas assez de camions, et s'il y en a, ils n'ont pas assez de chauffeurs pour les conduire.
Paix attendue
Les transformateurs de céréales français constatent une forte augmentation de la demande en farine de blé et en pâtes alimentaires. Des produits qui ont une longue durée de conservation. Ces débouchés ont donc été prioritaires dans le processus de production. L'association professionnelle SNIA affirme que le nombre de commandes a augmenté de 20 à 30 % en une semaine. Il rapporte également que les ventes de pâtes, de farine et de riz ont triplé la semaine dernière par rapport à la même période de l'année dernière. Le secteur s'attend à ce que la pression s'atténue quelque peu cette semaine, lorsque le marché retrouvera la paix.
Ce qui a en partie causé cette augmentation la semaine dernière était de nouveaux rapports sur les récoltes de céréales en Europe. Coceral, l'organisation européenne du commerce des céréales, fait état d'une récolte de blé européenne inférieure de 2,5 millions de tonnes à l'an dernier. L'organisation attribue cela aux dégâts des eaux survenus pendant les mois d'hiver, qui ont empêché une partie des semis de céréales. Les semis des céréales d’été ont également été retardés de plusieurs semaines. La Commission européenne des rapports dans son rapport MARS, il est précisément indiqué que les céréales se portent bien grâce au temps chaud. Il existe cependant une grande ligne de démarcation entre le sud sec et le nord-ouest humide de l’Europe.
Aux États-Unis, les analystes s’attendent de plus en plus à un printemps humide avec de nouvelles crues de rivières dans 19 États. L'année dernière, cela s'est traduit par un printemps extrêmement tardif. De nombreuses précipitations sont tombées jusqu'à présent cette année.
Grondement en Russie
Les choses vont mal aussi en Russie. Le faible taux du rouble est favorable à leurs exportations de céréales, même si le prix des céréales russes est également en hausse. Les rumeurs se multiplient selon lesquelles le gouvernement va restreindre les exportations, maintenant que les consommateurs font également preuve d'un comportement de thésaurisation. Les analystes ont jusqu’à présent qualifié ces informations de « fausses nouvelles ». Une restriction ne serait nécessaire que pour des produits tels que le sarrasin et le riz. Cependant, l'agence de presse Reuters rapporte que le ministère russe de l'Agriculture va introduire, mercredi 25 mars, des mesures visant à réduire les exportations de céréales.