Les baisses de prix sur le marché des céréales sont-elles de courte durée ? Quel rôle joue la sécheresse dans la région de la mer Noire et que nous disent les chiffres de la région américaine ? Le marché se pose actuellement de nombreuses questions, mais peu de réponses. Les choses pourraient rester prudemment positives pour le blé.
Les mercredi 1er et jeudi 2 avril ont été particulièrement chargés sur les marchés à terme de Paris et de Chicago. Le prix du blé a chuté de manière significative jusqu'à un niveau jamais vu depuis le 19 mars. C'est comme si le marché avait reçu une éclaboussure d'eau en plein visage et s'était refroidi un instant. Il comportement de thésaurisation touche à sa fin, laissant le marché à la recherche de nouvelles perspectives. Entre-temps, de nombreux producteurs ont pu profiter du rallye pour bien se couvrir.
En bas
Vendredi, un plancher s'est établi au-dessus de 190 € la tonne et lundi après-midi, les prix ont de nouveau augmenté. Le Matif cite même 194 € pour le contrat le plus récent (mai). La nouvelle récolte se négocie désormais à un bon 187 € la tonne. Également le CBoT plus. Vendredi, il a de nouveau dépassé les 200 dollars la tonne et lundi, il y aura un autre bénéfice à réaliser.
Tout d’abord, le marché prend en compte de nouveaux chiffres de superficie aux États-Unis. L'USDA estime que davantage de maïs et de soja seront cultivés. Malgré l'effondrement total du marché de l'éthanol, les Américains comptent pouvoir vendre de gros volumes à la Chine. Un marché chaud, où l'on se bat principalement avec les Brésiliens. Ce scénario semble désormais se réaliser puisque les chiffres des exportations montrent en effet un regain d’intérêt de la Chine pour de gros volumes de céréales.
Sécheresse croissante
Un autre facteur qui entre désormais en jeu est la sécheresse dans la région de la mer Noire. Les histoires à ce sujet circulent depuis bien plus longtemps, après un hiver sans gel et pratiquement sans chute de neige. Un bon enneigement est précisément nécessaire pour reconstituer les réserves d'humidité. Le sud et l’ouest de la Russie commencent par être secs, tout comme certaines parties de l’Ukraine.
On parle également de sécheresse à nouveau en Europe, maintenant que dans certaines régions aucune pluie significative n'est tombée depuis près d'un mois. Les cultures céréalières mal enracinées et semées tardivement en souffrent davantage et les céréales d'été semées tardivement pourraient également bénéficier d'une bonne douche printanière. Il est bon de réaliser qu'un front de pluie peut rapidement transformer cette humeur « haussière » en un marché « baissier », lorsque l'humidité n'est plus un facteur limitant.
Frein à main russe
Le gouvernement russe a fixé un quota d'exportation de 7 millions de tonnes jusqu'à la fin de cette campagne commerciale. Ce n’est pas un obstacle, car cette valeur est supérieure à ce qui est considéré comme capable. Cependant, cela envoie un signal au marché. De plus, le gouvernement russe peut resserrer davantage les vis à oreilles si la situation reste sèche et qu’une pénurie est attendue. Un rouble fortement dévalué offre désormais de bonnes opportunités d’exportation, entravant le marché intérieur et alimentant les exportations. Cela se voit désormais par exemple dans les prix du pain.
La superficie consacrée au blé aux États-Unis atteindra un nouveau record cette année. Depuis le début du reporting en 1919, la superficie cultivée en blé n'a jamais été aussi petite. Des stocks de clôture record sont donc attendus pour 2020/21. Les commerçants américains s’attendent également à ce que l’utilisation du blé augmente, car les gens consomment plus de produits à base de blé à la maison qu’ils ne le font normalement.
Taureaux sur le marché aux céréales :