La Russie et l'Ukraine sont toutes deux des puissances agraires. L'escalade des tensions entre les pays n'est donc pas sans conséquence sur le marché des céréales. Cet effet est perceptible depuis un certain temps et les développements récents y ajoutent une nouvelle dimension.
Alors que les marchés boursiers se sont redressés après le discours du président russe Vladimir Poutine, les prix des matières premières montrent une image différente. Cela s’applique au pétrole et aux métaux, mais certainement aussi aux céréales. La Russie et l'Ukraine représentent ensemble 29 % des exportations mondiales de blé, 19 % des exportations de maïs et 80 % des exportations d'huile de tournesol. Les commerçants craignent qu’un conflit militaire ait des conséquences majeures sur le commerce mondial de ces produits. Grâce à des conditions favorables, l'Ukraine a notamment enregistré une bonne récolte céréalière pour la campagne 2021/2022 et les perspectives pour la campagne prochaine sont également favorables. Mais pour en bénéficier, il faut que les produits puissent être expédiés.
Les navires évitent la mer Noire
L'agence de presse Reuters rapporte que certains acheteurs évitent déjà la mer Noire. Les navires sont envoyés vers d'autres ports. Les négociants ne veulent pas courir le risque que leurs navires subissent des retards importants, ou pire, dus à un conflit militaire. Une grande partie des céréales de la région de la mer Noire est destinée aux acheteurs du Moyen-Orient et d’Afrique. Ces acheteurs peuvent rechercher d’autres fournisseurs, ce qui affectera la disponibilité mondiale des céréales. Par exemple, plus tôt ce mois-ci, le ministère américain de l’Agriculture (USDA) a prédit que les stocks de blé seraient les plus faibles depuis cinq ans, et ces chiffres incluent les approvisionnements en provenance d’Ukraine et de Russie.
Les cours des céréales sur les principales bourses sont en hausse en raison des tensions en Ukraine. A l'heure où nous rédigeons ces lignes, le Matif s'échange à 279,50 € la tonne, soit une hausse de plus de 2% par rapport au cours de clôture du lundi 21 février. La cotation du blé américain à la CBoT de Chicago a augmenté encore plus vite, d'environ 2,5 %. Les prix du maïs affichent des hausses similaires. Bien que la région de la mer Noire soit un acteur relativement petit dans le secteur du soja, le prix en est également affecté. Mais avec une hausse de plus de 1,5% sur la CBoT, la hausse est moins forte.