Sous le titre provocateur « The Money Farmers », le New York Times publie un article sur la manière dont de riches propriétaires fonciers, issus de milieux politiques, reçoivent chaque année des sommes considérables de subventions européennes en Europe centrale et orientale. C'est tellement lucratif que même la mafia italienne s'en mêle.
Le New York Times l'a fait recherche à la répartition des fonds de la politique agricole commune (PAC) dans les pays d'Europe centrale et orientale. La Hongrie, la République tchèque, la Slovaquie et la Bulgarie, entre autres, ont été scrutées. L'étude couvre un total de 9 pays. L'année dernière, l'Union européenne a dépensé 58,82 milliards d'euros en subventions aux agriculteurs européens. Sur ce montant, 41,71 milliards d'euros sont destinés au soutien direct des revenus, ce qui signifie que le secteur agricole représente 37 % du budget.
Pratiques mafieuses
Les recherches menées par le journal montrent qu'un petit groupe d'entrepreneurs politiquement motivés dans ces pays possèdent de grandes terres qu'ils utilisent pour récolter d'énormes sommes de subventions. Le Premier ministre de la République tchèque est cité en exemple. Le président hongrois Viktor Orban serait coupable d'avoir distribué des terres domaniales (entre ses parents et amis). Le journal parle des pratiques mafieuses en Slovaquie et en Bulgarie en matière d'« accaparement de terres ».
Les pratiques sont un peu particulières. Certains administrateurs, comme le président Orban, sont critiques à l’égard de l’Union. Dans le même temps, ils reçoivent des dizaines de millions de subventions. Bruxelles réagit également frénétiquement lorsque les journalistes demandent des données détaillées sur les subventions. Grâce à l'utilisation de toutes sortes de constructions, il est presque impossible de savoir qui est le propriétaire foncier. L’Union européenne n’est pas non plus généreuse en fournissant des données. Certaines informations proviennent de lanceurs d’alerte et d’anciens salariés des personnes concernées, qui mènent désormais une existence clandestine.
Lanceurs d’alerte
L'un des lanceurs d'alerte est le Hongrois Jozsef Angyan. Cet ancien fonctionnaire explique au journal que le président Orban a partagé des centaines d'hectares autour de Budapest entre ses sympathisants. Cependant, ce n’est pas la première fois que le président suscite la polémique. Les journalistes hongrois ont également enquêté sur la politique d'Orban.
On peut aussi reprocher beaucoup de choses au Tchèque Andrej Babis, écrit le journal. Son entreprise agricole a reçu près de 2018 millions d’euros de subventions en 38. Son cas n'est pas unique. Environ 80 % du budget va à 20 % des agriculteurs, calcule le journal. Ces revenus financent à leur tour des ambitions politiques, comme celles de Babis. Les choses ne sont pas très différentes en Bulgarie. L'Académie bulgare des sciences a mené des recherches sur les subventions européennes et est arrivée à la conclusion que 75 % du budget est destiné à seulement 100 entreprises.
Les mafieux deviennent agriculteurs
Ce flux annuel de millions crée une mafia agricole qui opère dans les campagnes. Le gouvernement, les agriculteurs et les acheteurs opèrent tous sous un même toit. Il y a maintenant un procès contre cela en Bulgarie. En Slovaquie, la mafia italienne a décidé de devenir elle-même agricultrice, tant c'est lucratif. Le journaliste Jan Kuciak, qui enquêtait sur cette affaire, a été assassiné l'année dernière avec sa petite amie.
Selon les Américains, l’Europe ferme les yeux sur ces pratiques. Un rapport (de 2015) indique que le système fonctionne de manière étanche. Au niveau national, la Commission européenne ne traite pas les cas de fraude. Cela dépend de la nation. En Hongrie, par exemple, la loi a été adaptée de telle manière que les grandes entreprises ont plus de pouvoir et ont donc davantage droit aux subventions. Les agriculteurs qui protestent se voient retirer leurs terres louées ou reçoivent moins de soutien et des contrôles supplémentaires.
Problème de papier
Sur le papier, les gouvernements s’efforcent de lutter contre la corruption. Par exemple, la Hongrie a fixé un plafond de subventions aux grandes entreprises agricoles. Cependant, en divisant les sociétés en plusieurs BV et avec plusieurs administrateurs, le plafond est facile à contourner. En termes de législation, la Hongrie respecte toutes les règles (en matière de vente de terrains). La réalité, cependant, est que le Parlement européen a été mis en garde à plusieurs reprises contre un commerce foncier douteux dans le pays.
Tant que le système actuel de la PAC reste en vigueur, il est intéressant pour plusieurs grands propriétaires fonciers de développer leur activité, estiment les journalistes. Même sans cultiver la terre, des bénéfices sont réalisés. Selon la réponse officielle de la Commission européenne, il appartient aux États membres de lutter contre les abus liés au système. Dans un pays comme la Hongrie, c’est devenu un sujet qui ne peut être abordé et qui est évité dans les médias. Quiconque protestera sera sévèrement puni. Ainsi, la culture de la peur continue de régner.
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Ceci est une réponse à l'article de Boerenbusiness :
[URL=http://www.boerenbusiness.nl/grond/artikelen/10884546/subsidiemafia-in-oost-europa-gedijt-op-glb-geld]La mafia des subventions en Europe de l'Est prospère grâce à l'argent des GLB[/url]