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Analyse L'intérêt

La hausse des taux d'intérêt de la BCE est un coup de maître, mais aussi un pari

11 Juin 2022 -Edin Mujagic

Nomen est présage. A l'hôtel The Grand d'Amsterdam, le conseil d'administration de la Banque centrale européenne (BCE) a décidé de prendre une « grande » décision en annonçant que les taux d'intérêt augmenteront le mois prochain. La banque a l'intention de relever le taux d'intérêt officiel de -0,5% à -0,25% en juillet. Ce sera la première hausse de taux depuis 2011.

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Si elle franchit un nouveau pas de 25 points de base en septembre, comme Christine Lagarde, présidente de la BCE, appelle l'exercice, le voyage ne sera pas terminé. Nous pouvons supposer que les taux d’intérêt augmenteront également par la suite, mais la question de savoir si cela se produira réellement, à quelle vitesse et dans quelle mesure dépendra de l’évolution de l’inflation à ce moment-là.

Quant à l'intention de relever les taux d'intérêt également en septembre, la banque n'exclut pas une hausse de 50 points de base. Si les estimations d’inflation pour ce mois-là indiquent des hausses de prix encore plus rapides en 2024 qu’aujourd’hui, alors ce pas de géant est tout à fait possible. Lagarde a non seulement qualifié l'inflation de trop élevée - on peut aussi dire, aurait-elle pu dire quelque chose de différent avec plus de 8% d'inflation alors que l'objectif est de 2% - elle a également souligné que l'inflation était visible dans de plus en plus d'endroits de l'économie.

Comme chaque année en juin, les économistes de la BCE ont présenté au conseil d'administration de la banque de nouvelles estimations concernant la croissance économique et l'inflation jusqu'à deux ans à l'avance. Après 6,2% cette année, la dépréciation monétaire l'année prochaine sera de 3,5% selon leurs prévisions, suivie d'une inflation de 2,1% en 2024. Sachant que le bilan de la BCE en matière d'estimations d'inflation est carrément terrible - a prédit à maintes reprises le La banque a constaté une baisse de l'inflation et, à maintes reprises, les augmentations de prix ont été nettement plus élevées ces derniers temps - une inflation nettement plus élevée en 2024 doit être sérieusement prise en compte, je suppose moi-même qu'un taux compris entre 2 et 3 %, voire un peu plus. .

Les estimations de l'inflation de la BCE ne sont pas tout à fait exactes

Source : BCE

Pour cette raison, la banque a décidé de cesser d’acheter des obligations d’État et d’entreprises à partir du 1er juillet et d’augmenter prochainement les taux d’intérêt. C’est un coup de maître de la BCE. La banque souhaite restaurer la confiance qui s'est érodée ces dernières années. L’inflation élevée actuelle donne à la banque l’opportunité d’y parvenir en montrant par des actions qu’elle lutte contre une inflation élevée. Il n’y a qu’un seul moyen d’y parvenir : augmenter les taux d’intérêt.

De forts vents contraires pour la croissance économique
Le seul problème est qu’une grande majorité du conseil d’administration ne souhaite pas augmenter les taux d’intérêt ; ce groupe se contenterait de maintenir la politique des taux d’intérêt inchangée. D'une part, en raison du risque accru que la croissance économique soit confrontée à de forts vents contraires - la Banque mondiale a même récemment mis en garde contre une période prolongée de stagflation - et d'autre part, en raison du fait que les dettes sont trop élevées et représentent trop d'euros. des pays. La hausse des taux d’intérêt peut alors poser des problèmes. La banque semble donc confrontée à une tâche impossible : pour regagner la confiance, elle doit prendre des mesures décisives contre une inflation élevée. Mais cela est en contradiction avec ce que souhaite réellement faire la majorité du conseil d’administration.

Et pourtant, en 2022, cette tâche impossible est impossible à résoudre. Comment? En fixant les hausses de taux d'intérêt nécessaires pour regagner la confiance, puis en les dépendant de l'évolution de l'inflation (estimations) à l'automne de cette année. La BCE sait très bien qu’une grande partie de l’inflation élevée actuelle est causée par des facteurs temporaires et statistiques et qu’elle disparaîtra donc des chiffres au fil du temps. Dans l’état actuel des choses, cela commencera à se produire après l’été. En d’autres termes : il y a de fortes chances que l’inflation culmine au second semestre.

Cela se reflète également dans les attentes des économistes de la BCE, qui prévoient une diminution de la dépréciation monétaire à l’approche de la fin de l’année. Quelque chose qui se poursuivra en 2023. A noter que la tendance observée par les modèles de la BCE pourrait simplement impliquer que l’estimation de l’inflation pour 2024 pourrait être plus faible en septembre qu’en juin. Puisque l'estimation de juin pour 2024 est désormais de 2,1 %, un chiffre inférieur pourrait par définition ramener l'inflation attendue à moyen terme en ligne avec le taux cible de la BCE.

La BCE reste aussi colombe que possible
Si la situation évolue effectivement dans ce sens, la BCE montrera les dents avec deux hausses consécutives des taux d'intérêt en juillet et en septembre, puis modérera ensuite les attentes quant à l'ampleur des hausses des taux d'intérêt, en soulignant le pic d'inflation et son lent déclin. Surtout si la croissance économique ralentit d’ici là. Mais il avait alors été démontré que la banque n’hésitait pas à augmenter les taux d’intérêt. Le fait que le changement de situation sur le front de l’inflation ait supprimé la nécessité de poursuivre (fortement) après septembre, eh bien, c’est comme ça. Mais personne ne peut dire que la BCE n’a montré aucune volonté de poursuivre la politique entamée en matière de taux d’intérêt.

Le plus grand risque pour la banque est bien entendu que l’inflation ne culmine pas au second semestre, pour une raison ou une autre. Mais la banque s’attaquera à ce problème d’ici là, s’il se présente. Derrière la violence verbale apparemment impressionnante de la BCE se cache le fait que la politique monétaire de la banque reste aussi colombe qu'elle peut l'être. Même si la BCE relève le taux d’intérêt officiel de 75 points de base à 0,25% en juillet et septembre, il n’en reste pas moins que ce taux reste nettement inférieur au niveau neutre du taux d’intérêt. C’est le taux d’intérêt auquel l’inflation est stabilisée autour de 2 %, sans être ni alimentée ni ralentie. Dans la zone euro, selon les estimations actuelles, ce niveau d'intérêt se situe approximativement entre 2, 3 et 3,5 %. En d’autres termes : même après les hausses des taux d’intérêt en juillet et septembre, la BCE poursuivra une politique de stimulation de l’inflation, quoique légèrement moins qu’auparavant.

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