Le moteur laitier européen tourne à plein régime

Il est rare que la production laitière des plus grands pays producteurs explose simultanément. Généralement, les aspects positifs et négatifs au sein d'un même État membre peuvent être compensés. Quoi qu'il en soit, cette hausse de la production laitière est une coïncidence regrettable pour le marché, qui s'est effondré ces dernières semaines.

Et le lait ne se trouve pas seulement dans notre partie de l'Europe. La production laitière est également en plein essor de l'autre côté de la mer du Nord et de l'océan Atlantique. La situation rappelle celle de 2022, lorsque la production laitière européenne avait elle aussi fortement augmenté, avant que le marché ne s'effondre peu après. Nous avons classé les évolutions par ordre d'ampleur. 

Allemagne : + 2,1 %
Les producteurs laitiers allemands sont peut-être ceux qui ont le plus augmenté leur production. En juin, l'offre était encore inférieure de plus de 2 % à celle de l'année dernière. Deux mois plus tard, une augmentation de plus de 2 % était visible. De plus, la croissance s'est poursuivie en septembre. Les chiffres préliminaires de l'AMI montrent que la production hebdomadaire est désormais supérieure de 5 % (!) à celle de l'année dernière. À l'instar des Pays-Bas, l'Allemagne a connu un printemps sec, mais en juillet et août, le pays a bénéficié de pluies abondantes, ce qui a entraîné une augmentation significative de la production laitière. Les légères épidémies de fièvre catarrhale ovine de cet été ont également joué un rôle dans cette évolution.

France : en hausse de 5,6 %
L'offre laitière française est supérieure à celle de l'année dernière depuis mars, mais cette avance s'est considérablement creusée en août pour atteindre son plus haut niveau depuis dix ans. Avec une hausse de plus de 5 %, l'offre a dépassé la moyenne à long terme en août pour la première fois depuis 2022. Comme ailleurs en Europe, les prix élevés du lait se maintiennent. Il est à noter que le prix du lait subit une certaine pression depuis le début de l'année, mais avec des prix juste en dessous de 50 €, les producteurs laitiers français peuvent réaliser des marges élevées. Les chiffres hebdomadaires de FranceAgriMer montrent que la hausse de la production s'est poursuivie en septembre.

Pologne : plus 3,5 pour cent
La production laitière polonaise a enregistré une baisse au premier semestre de cette année, mais cette tendance s'est inversée depuis. En août, l'écart s'est creusé à 3,53 % par rapport au même mois de l'année précédente. La Pologne a considérablement augmenté ses exportations de produits laitiers en Europe cette année. C'est l'une des causes de la récente pression sur les prix du marché laitier européen. Les producteurs laitiers polonais ont perçu des primes généreuses de plus de 50 € les 100 kilos tout au long de l'année, ce qui a stimulé la production. Cependant, les prévisions pour le reste de l'année 2025 et 2026 ont été revues à la baisse.

Pays-Bas : plus 4,8 pour cent
L'approvisionnement laitier néerlandais a continué d'augmenter en août. La production a été supérieure à celle du même mois l'an dernier. La teneur en éléments nutritifs a également augmenté. Les derniers chiffres sont frappants non seulement par l'augmentation de l'offre, mais aussi par le fait que les chiffres de juillet et août marquent une rupture de tendance par rapport aux années précédentes et se poursuivent. Normalement, l'offre continue de baisser à partir de l'été. Si cela ne se produit pas, c'est en raison d'une perturbation du cycle de vêlage causée par la fièvre catarrhale.

Italie : plus 2,5 pour cent
La production laitière italienne a connu un renversement de tendance surprenant en août, avec une hausse de 2,5 %. Cette hausse exerce une pression sur les prix spot du lait italien, qui ont chuté rapidement, passant de près de 70 € les 100 kilos à plus de 50 € début octobre. Outre l'augmentation de la production laitière italienne, les approvisionnements bon marché en provenance d'autres États membres européens comme les Pays-Bas, la France et la Belgique exercent une pression supplémentaire sur les prix.

Irlande : en hausse de 6,8 %
L'Irlande a enregistré une production laitière vigoureuse tout au long de l'année, avec un nouveau record en septembre. Les prix élevés du lait et des conditions climatiques favorables à la croissance en sont les principales raisons. Cependant, un déclin à plus long terme se profile, car il reste incertain que le pays puisse continuer à bénéficier de la dérogation pour des normes plus généreuses en matière d'engrais. La Commission européenne devrait décider avant la fin de l'année si la dérogation accordée à l'Irlande peut être maintenue à partir de janvier 2026. L'augmentation de la production laitière irlandaise a un impact significatif sur l'Europe continentale, car le pays exporte d'importants volumes. Les transformateurs laitiers irlandais affirment disposer de stocks importants, ce qui est gênant pour eux dans un contexte de forte pression sur le marché. Par conséquent, les Irlandais prennent l'initiative de baisser le prix du lait, qui s'établit autour de 45 € les 100 litres.

La production laitière est également élevée au Royaume-Uni, avec une avance de plus de 5 % par rapport à août dernier. Il s'agit également du niveau le plus élevé jamais enregistré.

Belgique : moins 0,53 pour cent
En juin, la production laitière belge accusait encore un retard de 8 % (!) par rapport à l'année précédente. En août, le déficit s'était réduit à environ 0,5 %. Cette reprise profitera à la Confédération belge de l'industrie laitière (BCZ), qui a récemment exprimé ses inquiétudes quant à la diminution de l'offre de lait. Comme dans d'autres États membres, la reprise est alimentée par des prix du lait relativement élevés et des coûts d'alimentation animale faibles.