Aux Pays-Bas, l’accent est mis principalement sur l’agriculture en matière d’émissions d’azote, mais la réalité est beaucoup plus complexe. L’azote est libéré non seulement par l’élevage, mais également par d’autres processus humains et naturels. Par exemple, la circulation et l’industrie provoquent de fortes émissions d’oxyde d’azote, en particulier à proximité des autoroutes et des zones industrielles. En outre, les processus naturels jouent un rôle majeur. Dans les marécages et les zones humides, comme le long du Nil ou en Russie, beaucoup d’azote et de méthane sont produits par la décomposition des plantes. Les changements saisonniers ont également une influence. Au printemps, les arbres et les plantes absorbent beaucoup de CO2, ce qui réduit les émissions d’azote. En automne et en hiver, lorsque les feuilles et l’herbe pourrissent, les émissions augmentent.
Une étude américaine montre que les prairies sans bétail émettent plus d’azote et de méthane que celles où paissent les vaches. C’est parce que les vaches mangent de l’herbe, ce qui signifie que moins de biomasse se décompose en hiver. De plus, ils stimulent la croissance des racines, qui captent davantage de CO2 dans le sol. En conséquence, les émissions totales d’azote diminueront au lieu d’augmenter. Cela est en contradiction avec la politique actuelle, qui considère les agriculteurs comme de grands pollueurs.
Autres sources d’azote ignorées
Outre l’agriculture, il existe de nombreuses autres sources d’azote qui reçoivent peu d’attention. Aux Pays-Bas, par exemple, 7,5 millions de foyers sont équipés d’une poubelle GFT dans laquelle les déchets se décomposent et libèrent de l’azote et du méthane. Ceci n'est pas inclus dans les calculs. La tonte des bords de route et la gestion de la nature jouent également un rôle. L’herbe laissée le long des routes ou les plantes mortes dans les réserves naturelles provoquent également des émissions d’azote. De plus, la construction de berges respectueuses de la nature conduit non seulement à une plus grande biodiversité, mais aussi à davantage d’émissions d’azote par décomposition organique.
La politique en matière d’azote se concentre désormais principalement sur la réduction du nombre de têtes de bétail et l’arrêt des projets de construction. Mais si l’on examine les véritables causes, la question se pose de savoir pourquoi l’agriculture est sévèrement touchée, alors que la circulation, l’industrie et les ménages ne sont pratiquement pas restreints. En outre, il est à noter que les sources naturelles d’azote ne sont pas incluses dans les calculs. Cela soulève la question de savoir si la politique actuelle repose sur une image complète et équitable.
Appel à la science et à la politique
Compte tenu de l’impact de la politique actuelle sur l’azote, il est essentiel d’adopter une approche scientifique plus large. Il est donc opportun de faire appel à la science pour étudier plus en profondeur la logique décrite ci-dessus. Il est très important que les contradictions apparentes soient examinées sous plusieurs angles, au lieu de financer principalement des recherches confirmant les politiques. En outre, il est demandé au gouvernement de financer d’urgence non seulement la recherche sur les dommages causés par l’azote, le méthane et le CO2, mais aussi d’accorder davantage d’attention à la capacité de régénération de la nature et de l’agriculture. Si elles sont correctement gérées par l’homme, l’agriculture et la nature peuvent contribuer à un équilibre durable de l’écosystème.
Plutôt que de considérer l’agriculture comme le problème, les agriculteurs peuvent jouer un rôle dans la solution. Une bonne gestion des prairies peut contribuer à réduire les émissions d’azote. En outre, une politique plus large et plus équitable est nécessaire, dans laquelle toutes les sources d’azote seraient incluses. La question n’est pas de savoir si nous devons faire quelque chose pour réduire les émissions d’azote, mais comment nous y attaquer de manière réaliste et équitable.
Jaap Majoor, Low Zuthem
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