A première vue, le secteur agroalimentaire mondial semble bien se porter, aidé par la croissance de la population mondiale, notamment en Asie. C'est donc un peu un choc quand on voit le graphique de la rentabilité sur les 5 dernières années.
Si l’on considère uniquement la marge bénéficiaire opérationnelle des véritables entreprises alimentaires (c’est-à-dire en excluant le secteur des boissons et les produits liés à l’agriculture tels que les machines agricoles et les engrais), vous constaterez une réduction de près de moitié en 5 ans. Et cette rentabilité ne fera que subir de nouvelles pressions. Vous pouvez le lire dans le rapport « Agroalimentaire : de nouveaux risques en route » que notre bureau d'études à Paris a récemment publié. Laissez-moi vous donner un aperçu.
Faillites
Pour commencer, nos chercheurs évoquent les faillites majeures de l’industrie agroalimentaire mondiale. Depuis 2017, le secteur a enregistré en moyenne plus de 30 faillites majeures par an dans le monde (des entreprises ayant un chiffre d'affaires supérieur à 50 millions de dollars ayant fait faillite). La perte de chiffre d’affaires annuelle est passée de 6,4 milliards de dollars en 2018 à 20 milliards de dollars en 2019. Et cette tendance ne fera que se poursuivre.
5 défis
Nos chercheurs distinguent 5 défis auxquels les entreprises agroalimentaires doivent faire face :
-1 : Changement des habitudes alimentaires, notamment en Occident. Les consommateurs recherchent de plus en plus une alimentation plus saine. Cela implique aussi souvent des portions plus petites. Plus de travail (coûts) sans augmenter le volume de consommation. En France par exemple, la population a augmenté de +0,6% au cours des quatre dernières années, tandis que les ventes de produits agricoles ont diminué de -2%.
-2 : La production alimentaire est responsable d’un quart des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Les consommateurs réalisent de plus en plus que leur régime alimentaire et leurs choix alimentaires ont un impact significatif sur leur empreinte alimentaire en CO2. Les gens se rendent de plus en plus compte que la viande ou le fromage, par exemple, ont un impact significatif sur le compteur de CO2.
-3 : Les conflits commerciaux obligent les entreprises à diversifier les circuits d’approvisionnement alimentaire. Les entreprises alimentaires sont confrontées à une forte augmentation des réglementations à la fois en matière d’importation et d’exportation. L’exemple le plus clair est bien sûr la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine. Début 2018, les exportations américaines de soja vers la Chine s'élevaient à 30 millions de tonnes. En réponse aux augmentations tarifaires de Trump, les exportations américaines de soja sont tombées à 4,5 millions de tonnes (-85 %). Début 2020, ce sera à nouveau 16 millions de tonnes, mais cela reste une réduction significative. En partie parce que la Chine a cherché et trouvé d’autres fournisseurs (sud-américains) ailleurs.
-4 : Pression à la hausse sur les salaires. Dans le secteur agroalimentaire, les salaires représentent environ 11 % de tous les coûts d'exploitation du secteur agroalimentaire. S’ils augmentent, cela s’additionnera. Dans le même temps, il devient de plus en plus difficile de trouver du personnel.
-5 : En raison de la puissance croissante du secteur de la vente au détail, les transformateurs de produits alimentaires ne sont pas en mesure ou difficilement de répercuter la hausse des coûts sur les clients (finaux). Le plus grand risque est peut-être l’augmentation du coût des matières premières. Les entreprises alimentaires n’ont pas le pouvoir de fixer des prix pour répercuter les coûts plus élevés et les imposer aux clients (grands détaillants).
Risque de contestations envers les entreprises agroalimentaires
Que signifient ces cinq défis pour les entreprises agroalimentaires ? Globalement, Euler Hermes considère le secteur agroalimentaire mondial comme un secteur sain. Dans la matrice des risques que nous entretenons par secteur et par pays, l'agroalimentaire arrive en troisième position (après la pharmaceutique et l'informatique). Dans 22 des 69 pays que nous surveillons, nous estimons que le risque de faire des affaires avec le secteur alimentaire est faible.
Pourtant, nous voyons apparaître des fissures. L’inquiétude augmente. L’augmentation de l’ampleur des grandes faillites est un signe d’avenir. L’affaiblissement des entreprises augmente le risque de faillite dans le monde entier.
Je vois les choses différemment spécifiquement pour les Pays-Bas. En tant que leader mondial, nous sommes les mieux placés pour trouver des réponses aux nouveaux défis. L'ingéniosité et l'esprit d'entreprise de notre secteur agricole ont fait leurs preuves dans le passé et continueront de le faire.
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