La guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine a eu étonnamment peu d’effet sur le taux de change du renminbi. Il y a de fortes chances que le pays soit également capable de résister à la tentation de dévaluer sérieusement sa propre monnaie à l’avenir.
La tension commerciale croissante entre les États-Unis et la Chine se fait sentir dans presque tous les coins des marchés financiers. Le commerce des devises constitue une exception notable à cet égard. Certes, les fluctuations de prix au cours des dernières semaines ont été légèrement plus élevées que d’habitude. Cependant, depuis début avril, l’écart entre le taux de change dollar/renminbi le plus élevé et le plus bas est inférieur à 2 %. C’est un jeu d’enfant comparé aux énormes chocs de prix sur les marchés boursiers et obligataires. La principale raison de ce calme relatif est bien sûr la manière dont la banque centrale chinoise (PBOC) maintient un contrôle strict sur le taux de change. Pour l’instant, elle résiste avec beaucoup d’habileté à la tentation de faire baisser significativement le renminbi.
De l’huile sur le feu ? Je préfère ne pas le faire !
À mesure que la monnaie chinoise se déprécie, les prix des biens en provenance du pays deviennent de plus en plus bas aux États-Unis en raison de la conversion en dollars coûteux. En théorie, la Chine pourrait compenser en partie l’effet des droits d’importation toujours plus élevés imposés par Trump grâce à une telle stratégie monétaire. Le gros inconvénient est qu’une dévaluation du renminbi serait un coup dur pour Trump. Le pays a fait le choix conscient de répondre uniquement aux actions américaines, plutôt que d’ajouter de l’huile sur le feu. De plus, le président Xi Jinping souhaite faire du renminbi une alternative au dollar. L’image de stabilité à laquelle il aspire serait sérieusement compromise s’il utilisait la monnaie comme arme dans la guerre commerciale.
Signal clair
Peu après le jour de la Libération, les économistes et les cambistes s'attendaient à ce que la PBOC baisse le renminbi de 1,8 %. Au lieu de cela, le taux de change n’a baissé que de 0,1 %. Cette baisse très modeste est un signal clair que la guerre commerciale ne se déroulera pas pour le moment sur le marché des devises. Cependant, le scénario le plus progressif est que le renminbi perdra du terrain dans la période à venir. Les tarifs douaniers élevés des États-Unis et surtout l’incertitude croissante freinent considérablement une économie chinoise déjà peu performante. On s'attend à ce que l'annonce soit faite demain que le taux de croissance au premier trimestre est passé de 5,4% à 5,3%.
Voyages au Vietnam, en Malaisie et au Cambodge
Pour l’ensemble de l’année 2025, les économistes tablent sur une croissance économique de 4,5 %. Il s’agit d’un pas nettement inférieur à l’objectif de 5 % visé par Pékin. Jinping se rend au Vietnam, en Malaisie et au Cambodge cette semaine. Cela fait partie de sa stratégie visant à former un front commercial commun avec davantage de pays asiatiques contre les États-Unis. De plus, il semble que ce ne soit qu’une question de temps avant que la Chine n’annonce un important ensemble de mesures visant à donner un coup de pouce significatif à sa propre économie. Le pays se porte donc un peu mieux que ce que les gros titres suggèrent. Et si la Réserve fédérale décide plus tard de réduire son taux directeur, il sera encore plus facile pour la PBOC de protéger le renminbi d’une nouvelle baisse.
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