La décision de la Banque centrale suisse concernant les taux d'intérêt revêt une importance accrue maintenant que la politique monétaire est sous la surveillance des États-Unis. L'un des principaux enseignements de ce pays alpin est que la complexité est une meilleure arme à l'exportation qu'une monnaie faible.
Le Trésor américain a trouvé un nouveau levier pour endiguer le commerce international. Fin de semaine dernière, la Suisse a été ajoutée à la liste des pays dont la politique monétaire est sous surveillance. Aux États-Unis, le sujet est sensible. Le président Donald Trump souhaite maintenir le dollar à un niveau aussi bas que possible. Si la valeur de la monnaie baisse, les biens et services américains deviennent légèrement moins chers à l'étranger. Parallèlement, la Suisse prouve qu'un secteur exportateur prospère ne se résume pas à un éventuel soutien artificiel d'une monnaie faible.
La complexité comme clé du succès
Une grande partie des exportations du pays alpin est constituée de produits pharmaceutiques, de montres haut de gamme, de produits chimiques et de chocolat fin. Le dénominateur commun de ces produits est leur grande complexité de production. La Suisse occupe ainsi la première place du classement du Harvard Growth Lab, qui mesure la complexité du secteur des exportations. Plus de la moitié des exportations sont constituées de produits de haute technologie, contre un quart au maximum pour les États-Unis. Depuis le début des années 80, l'excédent courant suisse oscille autour de 4 % du PIB. C'est un résultat impressionnant si l'on considère que le pays est presque toujours confronté à des difficultés sur les marchés des changes.
Maintenant ça fait mal
Le franc suisse est la monnaie la plus performante sur les périodes de 50, 25, 10 et 5 ans. Depuis le début de l'année, la monnaie a progressé de 10 % face au dollar. Cette hausse s'explique en grande partie par sa popularité comme valeur refuge en période d'incertitude. Lentement mais sûrement, cette vigueur commence à peser sur l'économie. Par exemple, les exportations de montres de luxe ont chuté de 3 % l'an dernier. L'automne dernier, Rolex, Patek Philippe, Swatch et d'autres entreprises ont demandé à la Banque nationale suisse (BNS) de freiner la hausse du franc. Cette démarche est devenue plus difficile maintenant que le pays est sous la loupe des États-Unis.
Que fait la BNS ?
Il existe toutefois d'autres moyens de faire baisser la monnaie. La semaine prochaine, la BNS prendra une décision concernant son taux directeur. L'inflation a déjà atteint -0,1 % en mai, ce qui est inférieur à la fourchette de 0 % à 2 % visée par la banque. Par ailleurs, l'inflation négative est également une conséquence de la force du franc. La valeur des biens et services importés – qui représentent ensemble près d'un quart du panier d'inflation – a reculé de 2,4 %. La banque centrale a déjà prouvé par le passé qu'elle était prête à abaisser durablement son taux directeur en dessous de zéro. Si le taux directeur baisse de 19 point de pourcentage à -0,5 % le 0,25 juin, ce sera un signal clair que la BNS considère le refroidissement du franc en pleine ébullition comme une priorité absolue.
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