Le dollar américain a été en retrait ces dernières semaines, et l'euro en profite. Même la montée des tensions au Moyen-Orient et la pause de la Réserve fédérale n'y changent rien.
Les actes sont généralement plus éloquents que les paroles. Cependant, lors de la réunion de la banque centrale américaine de demain, l'accent sera davantage mis sur les explications que sur la décision elle-même concernant les taux d'intérêt. Il est d'ores et déjà quasiment certain que le taux directeur restera inchangé entre 4,25 % et 4,5 %. Bien que la confiance des consommateurs et des producteurs soit sous pression, la politique imprévisible du président Donald Trump ne se traduit pas encore par un ralentissement rapide de l'économie. Tant qu'il n'est pas nécessaire de relancer l'économie, le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, préfère maintenir le taux d'intérêt au même niveau afin de maîtriser l'inflation.
Le pétrole cher se fait sentir
En mai, l'inflation américaine a légèrement augmenté pour la première fois en quatre mois, atteignant 2,4 %. Ce chiffre est légèrement supérieur à l'objectif de la banque centrale. L'escalade du conflit au Moyen-Orient pourrait accentuer cette hausse. Depuis fin mai, le prix du baril de Brent a déjà augmenté de plus de 15 %. La probabilité d'une baisse des taux d'intérêt américains avant l'été a donc considérablement diminué. Cette évolution est généralement favorable au dollar, qui bénéficie souvent aussi de l'instabilité croissante des marchés. Mais au cours des quatre derniers mois, l'euro a progressé de près de 10 % face au dollar.
La force remarquable de l'euro
La hausse de la valeur de la monnaie européenne est d'autant plus impressionnante que les deux monnaies semblaient en bonne voie pour atteindre l'égalité début 2025. On obtient désormais 1,15 dollar pour un euro. La principale raison de la vigueur de l'euro est l'incertitude créée par toutes les mesures que Trump annonce, met en œuvre et reporte tout aussi rapidement. L'exemple le plus récent est la taxe que les investisseurs étrangers pourraient devoir payer sur leurs rendements. Celle-ci peut passer de 5 % la première année à 20 % trois ans plus tard. De plus en plus de parties prenantes se détournent de la monnaie américaine, ce qui est déjà qualifié de dédollarisation dans le monde des devises.
La boite de Pandore
Il a récemment été rapporté que la part du dollar dans les réserves de change mondiales était tombée à 57,3 %. Il s'agit du niveau le plus bas depuis que le FMI a commencé à enregistrer ces données en 1995. La Banque centrale européenne (BCE) promeut déjà avec enthousiasme l'euro comme alternative au dollar. Sa présidente, Christine Lagarde, a récemment souligné que les évolutions géopolitiques ouvrent la voie à un rôle international bien plus important pour l'euro. Bien que Trump se réjouisse sans aucun doute de l'amélioration de la compétitivité internationale des entreprises américaines grâce à l'effet de change, la marginalisation du dollar n'était pas envisagée. Il sera très intéressant de voir comment il tentera de refermer cette boîte de Pandore.
© DCA Market Intelligence. Ces informations de marché sont soumises au droit d'auteur. Il n'est pas permis de reproduire, distribuer, diffuser ou mettre le contenu à la disposition de tiers contre rémunération, sous quelque forme que ce soit, sans l'autorisation écrite expresse de DCA Market Intelligence.