Le secteur porcin est complètement dans le noir maintenant que la Chine a annoncé qu'elle suspendrait temporairement l'importation de porc néerlandais en provenance de trois grands abattoirs de notre pays. Les intérêts sont grands, les points d'interrogation aussi.
L'interdiction ne vise pas spécifiquement les Pays-Bas, car des mesures similaires ont également été signalées dans d'autres pays. Mi-juin, la Chine a annoncé qu'elle suspendrait temporairement l'importation de viande de volaille en provenance d'un site de production de Tyson Foods dans l'Arkansas, aux États-Unis. L'entreprise allemande Tönnies s'est vu imposer une interdiction d'exportation à la mi-juin à la suite de l'épidémie majeure de coronavirus sur son site principal. Les entreprises de viande brésiliennes et les fournisseurs de saumon norvégiens sont également confrontés aux interdictions d'importation chinoises.
La mesure n'est donc pas totalement inattendue pour les abattoirs néerlandais concernés (Vion, Van Rooi et Westfort). D’ailleurs, il y a encore beaucoup de bruit sur la ligne. Pour Westfort, par exemple, l'interdiction s'applique uniquement aux produits du site de Gorinchem et non au site principal d'IJsselstein. Ce qui est frappant, c'est qu'à Gorinchem, les porcs ne sont plus abattus et la viande n'est plus transformée. Les conséquences directes de l'interdiction chinoise sur l'abattoir sont donc limitées. Un porte-parole de Vion a déclaré qu'il n'avait pas été officiellement informé de la décision, mais qu'une interdiction d'exportation avait été annoncée sur un site Web chinois pour les sites de Groenlo et Boxtel.
À tâtons dans le noir
Les abattoirs ignorent encore les conséquences. Par exemple, que fera la Chine de la viande déjà en route ? Des rumeurs courent que la viande encore présente sur les quais hollandais devrait y rester. Les conteneurs réfrigérés déjà en transit pourraient poursuivre leur voyage. Cependant, personne ne le sait avec certitude. Dans le cas de Tyson Foods, on sait que la viande a été saisie par les douanes chinoises à son entrée.
La question est également de savoir combien de temps cette interdiction restera en vigueur. Quelques semaines peuvent être gérables, mais que se passe-t-il si cela prend des mois ? En théorie, l’interdiction d’exporter constitue une perte majeure. Après tout, en dehors de l’Europe, la Chine est le plus gros acheteur de produits à base de viande de porc. Au cours des quatre premiers mois de cette année, les Pays-Bas ont exporté 4 135.000 tonnes de viande de porc, pour une valeur d'exportation de plus de 300 millions d'euros. Les sous-produits (têtes et pattes), en particulier, sont faciles à commercialiser dans ce pays asiatique. Il n’existe pas de marché alternatif immédiat pour cela.
Dans le même temps, la Chine ne peut probablement pas se permettre d’interdire les fournisseurs étrangers pour une durée indéterminée. Le pays est aux prises avec une immense pénurie de viande, conséquence des épidémies de peste porcine africaine. D’un point de vue occidental, la mesure chinoise apparaît essentiellement symbolique. En effet, les recherches scientifiques montrent qu’il n’existe aucun lien direct entre le coronavirus et les aliments ou les matériaux d’emballage. La Chine elle-même a récemment examiné d’importants envois de viande et le coronavirus n’a pas été détecté.
Grande incertitude dans le secteur
Quoi qu’il en soit, le secteur porcin néerlandais gagnerait à ce que l’interdiction soit levée le plus rapidement possible. Les contacts avec la Chine à ce sujet sont menés par l'intermédiaire du ministère de l'Agriculture en consultation avec le COV. La Haye pointe du doigt des recherches scientifiques qui contredisent la relation entre l’alimentation et le coronavirus. Reste à savoir si la Chine réagira à cette situation. Dans le cas contraire, les prix du porc pourraient en pâtir. L'incertitude fait que Vion n'annoncera plus aujourd'hui (29 juin) la publication du prix hebdomadaire du porc.