De manière inattendue, la banque centrale suisse a encore légèrement réduit son taux d'intérêt directeur, déjà bas. Cela accélère la chute du franc. Toutefois, la situation peut changer très rapidement si les marchés financiers explosent.
Il existe peu de pays dont le secteur financier jouit d’une image plus solide et plus fiable que la Suisse. Outre le secret bancaire et la taille du secteur financier, cela s'explique en partie par la neutralité suisse. Parce que le pays n’a pas été envahi par des guerres depuis des siècles, il a l’image d’un endroit sûr où conserver ses économies et autres objets de valeur. Même lorsque le Credit Suisse a soudainement fait faillite en 2023, son image n’a pratiquement pas été altérée. C’est en grande partie grâce à l’action décisive de la banque centrale que cette situation s’est transformée en une petite ondulation plutôt qu’en une grande éclaboussure.
du mauvais pied
En tirant les ficelles intelligemment en coulisses, la Banque nationale suisse (BNS) a permis à l'UBS de racheter en toute discrétion les activités du Crédit Suisse. Mais à d’autres égards, la BNS exige beaucoup plus d’être placée sous le feu des projecteurs. À la dernière minute du printemps, par exemple, la banque a mis le monde financier tout entier sur une mauvaise voie en abaissant le taux directeur de 1,75 % à 1,5 %. La Suisse est ainsi le premier pays du G10 où les taux d'intérêt reculent après la forte hausse de ces dernières années. Ce mouvement surprenant s'est fait sentir sur les marchés des changes. Le franc a chuté de 1% par rapport à l'euro en quelques minutes.
Sans avertissement
Ce n’est pas la première fois qu’une décision de la BNS a un impact majeur sur le monde monétaire. Le meilleur exemple s’est produit début 2015. À l’époque, la banque avait abaissé du jour au lendemain le plafond de 1,20 franc par euro, sans aucun avertissement. Cela a provoqué une hausse de la monnaie de près de 20 %, de sorte que le franc a même pendant un certain temps valé plus qu'un euro. Après ce premier choc, le franc a encore perdu du terrain, mais depuis l’été 2022, le taux de change est à nouveau supérieur à 1 euro. Au début de cette année, le franc a même atteint un cours record de 1,07 euro. Cela était principalement dû à son rôle de valeur refuge. Lorsque les tensions s’accentuent sur les marchés financiers – par exemple en raison de la reprise des combats dans la bande de Gaza et des attaques des Houthis dans le golfe d’Aden – de nombreux acteurs optent pour la sécurité du franc.
Année désastreuse pour le franc ?
Cependant, alors que les autres banques centrales sont passées au second plan ces derniers mois, l’attention s’est récemment portée davantage sur l’évolution des taux d’intérêt. Avec une inflation qui, selon la BNS, s'élèvera à 2024% en 1,4 et à seulement 1,2% l'année prochaine, il est possible de réduire encore davantage le taux directeur. À court terme, le franc continuera de souffrir de ces vents contraires en matière de taux d’intérêt. Mais cette situation pourrait changer si d’autres banques centrales signalaient également le début d’un nouveau cycle de taux d’intérêt par une baisse des taux d’intérêt. Étant donné que les taux d'intérêt pourraient y baisser encore davantage et que le franc reste une valeur refuge importante, un début faible n'est pas automatiquement le prélude à une année désastreuse pour le franc.
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